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Travailler un cheval.


Vaste sujet... Ne cherchez pas dans cet article un tableau chronologique d'exercices pour travailler votre cheval. Mon but est avant tout d'essayer de vous expliquer les grands principes, les grandes règles qui vous permettront de mener au mieux le dressage et l'entraînement de votre cheval, en fonction de ses capacités et des objectifs que vous vous êtes fixés.

Je pense que la première question que vous devez vous poser est la suivante : "Est-ce que mon cheval a les possibilités de faire ce que j'attends de lui ?" Combien voit-on de cavaliers s'évertuer à essayer de faire sauter à grand renfort de cravache un pauvre cheval qui n'a visiblement pas les capacités physiques et morales de faire ce que le cavalier attend de lui ! Pauvre par le traitement qu'il reçoit et non pour ses capacités limitées à l'obstacle. Travailler un cheval, c'est essayer d'obtenir de lui ce qu'il a les capacités physiques et morale de donner. Au dela, ce n'est plus du dressage, mais de la torture ! Si vous n'avez pas le cheval de vos ambitions, ayez les ambitions correspondant à votre monture... C'est là bien évidemment que le choix d'une monture adaptée à vos projets est tout à fait important. Certaines races ont plus d'aptitude dans une discipline bien précise. Le trotteur est sélectionné pour ses aptitudes à trotter, le pur-sang pour ses aptitudes à galoper. L'Ibérique est réputé pour sa grande sensibilité et son équilibre naturel...

Il est par contre tout aussi évident que tout cheval, même s'il ne présente pas les caractéristiques pour sortir en Grand prix, peut être dressé.

Un deuxième conseil me paraît tout aussi important : on ne peut dresser un animal quel qu'il soit sans en connaître sa psychologie. Je vous invite à vous reporter à l'article du site écrit à cet effet. Les chevaux ont leurs propres règles sociales, leurs propres règles de communication, leurs propres instincts, réactions et adaptation à leur environnement. Ignorer tout ceci vous conduira inévitablement à l'échec ! Combien ai-je vu de cavaliers cravacher un cheval pour le punir de ne pas vouloir s'arrêter... Combien ai-je vu de cavaliers "corriger" un cheval après l'avoir rattrapé au pré, au bout d'une heure de course poursuite... Si ces soi-disant cavaliers connaissaient un minimum les chevaux, ils comprendraient tout de suite l'absurdité de leur geste !

Ces mises au point effectuées, nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet.

1) Les principes du dressage du cheval :

Nous pouvons considérer que travailler un cheval consiste à trouver le juste équilibre entre les trois paramètres suivants :

- L'équilibre du cheval ;
- Sa décontraction ;
- La vitesse de ses allures.

Le tout, comme vous le montre le schéma ci-contre, étayé par un élément indispensable pour mener ce travail à bien : l'impulsion !

Je vais donc maintenant vous définir ces quatre mots clefs de l'art équestre :

L'impulsion : Puisqu'elle peut être considéré comme la clef de voûte de l'équitation, je vais commencer par définir ce terme. "L'impulsion est le désir, naturel ou acquis, qu'a le cheval de se porter en avant". Voici la définition que nous pouvons trouver dans beaucoup de manuels. De celle-ci, je ne retiendrai que le "naturel". Un cheval doit se porter naturellement en avant, sans avoir besoin d'être sollicité par son cavalier ! Entre un superbe cheval sans impulsion et un cheval ordinaire débordant d'énergie, il n'y a pas à hésiter ! Avec le premier, je brillerai... à l'arrêt. Avec le second, je brillerai au travail ! Vous comprenez donc que, si vos ambitions vous mènent vers le dressage de haut niveau, il vous faudra un superbe cheval débordant d'énergie... De plus, beaucoup d'exercices que vous pratiquerez auront tendance à prendre sur cette impulsion. Donc, il est important que le cheval est n'en manque pas.

L'équilibre : Il m'a semblé préférable de commencer par définir l'impulsion, mais l'ordre des trois autres termes me paraît moins évident tant ils me paraissent dépendants les uns des autres. Je vais donc arbitrairement reprendre l'ordre que j'ai utilisé en introduction de ce chapitre. Je vais donc commencer par l'équilibre.

Certains pourront s'étonner que la légèreté ne figure pas comme axe prioritaire sur mon schéma. C'est tout simplement parce que je la considère incluse dans le terme "équilibre". Un cheval en équilibre est léger !


©Shapounette

Qu'entend-on par "équilibre" ? Un cheval, par le bras de levier que représente son encolure, a naturellement plus de poids sur les antérieurs que sur les postérieurs. Nous pouvons considérer qu'il a les 3/5e de son poids sur ses antérieurs et le reste, soit 2/5e, sur ses postérieurs. Afin de rentre le cheval plus maniable, l'objectif sera donc de reporter une partie de ce poids excédentaire du devant vers les postérieurs. Ce nouvel équilibre va se construire tout doucement au cours du dressage du cheval. Le cheval doit donc s'alléger progressivement. Cela permettra à son cavalier d'avoir des actions de mains de plus en plus fines et précises. C'est en ce sens que je dis que la légèreté est une conséquence de l'équilibre.

Un problème vient également troubler l'équilibre naturel du cheval : le cavalier. Le cheval n'a pas été créé pour être monté par l'homme... ni l'homme pour monter à cheval. Ce dernier représente un poids supplémentaire, donc une gêne dans l'équilibre, la locomotion de sa monture. Un des premier but du dressage va être d'aider le cheval a retrouver sous la selle du cavalier son équilibre et ses allures naturelles. C'est la que la phrase : "la position (sous-entendue "du cavalier") précède l'action (sous-entendue "du cavalier sur le cheval")" prend tout son sens : la position du cavalier peut être une aide ou une gêne pour le cheval. Il faut donc que le cavalier se dresse lui-même avant d'envisager de dresser un cheval.

La décontraction : Si nous pouvons penser qu'un jeune cheval est naturellement souple et décontracté, le fait de lui imposer un poids (celui de son cavalier encore une fois...) sur le dos suite au débourrage entraîne des contractions, des crispations qui pourraient lui faire perdre sa souplesse naturelle. Un autre objectif du travail du cheval sera de lui faire retrouver sa décontraction naturelle afin qu'il puisse progressivement venir se mettre sur la main. Cette recherche de décontraction est une condition préalable à une musculation harmonieuse de notre monture, quel que soit son âge.

La vitesse : j'ai longuement hésité avant d'employer ce terme "vitesse". D'autres me sont venus à l'esprit comme "cadence", "impulsion", "amplitude", "rythme"... Mais j'ai fini par opter pour celui de "vitesse", plus général. Ce terme dépend de deux paramètres : la longueur et le nombre de foulées, leur rythme dans un temps donné. Nous comprenons qu'un cheval peut faire varier sa vitesse en faisant varier le rythme sans faire varier la longueur de sa foulée. Inversement, il peut en faire varier le rythme sans faire varier la longueur. Bien qu'en musicologie, ces deux notions diffèrent quelque peu, en équitation, nous définirons le rythme de la foulée comme étant la cadence du cheval et la longueur de cette foulée comme étant l'amplitude de celle-ci. Il y a dans la notion de cadence la notion de régularité de l'allure.

L'art de monter un cheval sera donc l'art de mettre en relation ces trois paramètres pour amener celui-ci a avoir une cadence la plus régulière, la plus lente et la plus décontractée possible et ne faire varier sa vitesse que par la variation de l'amplitude de sa foulée et non par une accélération du rythme de celle-ci.

Trop de vitesse risquera de déséquilibrer le cheval vers l'avant. Inversement, vouloir trop ralentir cette vitesse risque de contracter le cheval. De même, un cheval qui cherchera à vous échapper en accélérant cherchera à se déséquilibrer vers l'avant... Un cheval qui se crispera en exécutant un exercice risquera de se figer en ralentissant sa vitesse... Voilà quelques exemples de dissonances pour vous expliquer la nécessité de trouver le juste équilibre entre chacun de ces paramètres.

Nous pouvons donc conclure cette première partie en écrivant que le travail doit progressivement amener un cheval qui est naturellement moins équilibré, moins décontracté et qui a tendance à prendre de la vitesse en précipitant ses allures à devenir un cheval plus équilibré, plus décontracté et qui possède une cadence la plus lente, la plus régulière et impulsive possible.

Pour faire suite à cette première partie plutôt théorique, je vais dans cette seconde partie aborder la méthodologie du travail du cheval. Je terminerai cet exposé sur des exemples concrets des problèmes qui me sont régulièrement rapportés dans le forum.

2) Le dressage du cheval :

Mon objectif n'est pas de vous donner des solutions à vos problèmes "clefs en main", mais plutôt de vous proposer un outil méthodologique pour vous amener à réfléchir de manière plus pertinente sur le travail que vous effectuez avec votre cheval.


Les paramètres dont il est question dans ce schéma sont ceux définis plus haut : l'impulsion, l'équilibre, la décontraction et la vitesse.

Explications de ce schéma :

La flèche rouge symbolise le raccourci fait par beaucoup de cavaliers dans leur raisonnement. Les cavaliers constatent et tentent de remédier non pas aux causes du problème, mais aux conséquences du problème... Ce schéma a pour but de vous aider, à partir d'un constat initial, de tirer des hypothèses sur les causes et de travailler sur les causes pour remédier aux effets.

Un exemple concret va vous aider à mieux comprendre :

1 - Le constat : mon cheval m'embarque au galop. Cette accélération est accompagnée d'une encolure qui se tire vers le bas et l'avant et d'un surplus de poids sur la main.

2 - Les hypothèses : Ce qui lui permet de m'embarquer. Ce que fait mon cheval pour me prendre la main ; ce qui lui permet de le faire. Sur quel(s) paramètre(s) joue-t-il : soit l'équilibre, soit la décontraction, soit la vitesse, soit l'impulsion, soit sur plusieurs à la fois. Visiblement, le fait de tirer son encolure vers le bas et l'avant lui permet de se déséquilibrer dans cette direction et de m'embarquer. Ceci explique d'ailleurs le surplus de poids sur la main.

3 - La solution envisagée : empêcher mon cheval de tirer son encolure vers le bas et l'avant et de me mettre du poids sur la main. Il me faut donc intervenir sur son équilibre pour l'empêcher de prendre cette attitude.

4 - Les compétences à construire (ou à reconstruire) : l'équilibre.

5 - Le travail à proposer pendant les séances : revenir au travail de l'arrêt au pas, sans tirer, dans la légèreté. Puis au trot avec des transitions trot / pas et trot / arrêt. Au galop, départ suivi d'un arrêt rapproché sans tirer, dans la plus grande légèreté, pour que mon cheval parte au galop avec l'idée de s'arrêter rapidement. Comme cela, de lui même, il se maintiendra en équilibre. Ce qui est le but recherché... Ensuite, on allonge le temps de galop et on redemande l'arrêt, dans les mêmes conditions de légèreté, dès qu'on sent son cheval s'ouvrir, c'est à dire essayer d'étendre à nouveau son encolure.

Par votre réflexion, vous vous êtes donc aperçu que l'équilibre était le problème de votre cheval. Par un travail d'arrêt au pas et au trot, vous avez préparé votre travail au galop. Et c'est ce travail aux allures inférieures qui vous a permis de régler de façon durable le problème de votre cheval. Cela évidement dans le respect de la légèreté, sans négliger aucun des paramètres que je vous ai définis en début d'article. De plus, et c'est ce qui permet à votre travail d'avoir un caractère durable : c'est votre cheval qui a appris par lui-même à se soutenir au galop. Les arrêts rapprochés des départs l'ont amené à réfléchir et à trouver une solution : je me soutiens...

 

Boshalla monté par Shap
©Shapounette


Comme je vous l'ai déjà expliqué, mon but n'est pas de faire un recueil de situations problèmes et d'y amener un remède. Chaque situation est unique, dépendante du couple cheval / cavalier, de facteurs intérieurs et extérieurs qui ne sont pas forcement maîtrisables par des personnes non impliquées dans la situation. Mon but est, grâce à l'appropriation que vous ferez de ce schéma, d'essayer de vous faire découvrir les solutions par le raisonnement et non par l'application de solutions miracle qui n'existent d'ailleurs pas en équitation.

Mais, avant de poursuivre plus avant mon propos, je voudrais rendre à César ce qui appartient à César. Ce schéma n'est pas de moi. Il est une adaptation du Schéma d'Arzel. Arzel était professeur à l'UFR Staps de Rennes en France, l'Université de Formation Régionale aux Sciences et Téchniques des Activités Physiques et Sportives. Ces Universités ont entre autres la charge de former les futurs enseignants d'éducation physique et sportive des établissements scolaires, collèges et lycées.

Cette parenthèse étant faite, afin de vous aider à mieux assimiler ce mode de raisonnement, je vais vous proposer la construction de plusieurs schémas à partir de situations problèmes qui me reviennent régulièrement à travers les questions que vous me posez.

Bien sûr, parmi ces exemples, il y aura un exemple piège... À vous de le déceler... Et si vous le découvrez en arrivant à le reformuler justement, vous aurez gagné ma considération, ce qui est déjà beaucoup, mais aussi l'espoir de pouvoir mener un peu plus loin que vous en êtes actuellement capable le dressage de votre cheval.



En visitant chacun des liens ci-dessous, vous accéderez aux schémas correspondants.
Gare au(x) piège(s), eh, eh, eh...

1 - Malgré ma rêne d'ouverture, mon cheval refuse de tourner en cassant son encolure et en chargeant sur l'épaule extérieure.

2 - Mon cheval a tendance à se pointer au travail.

3 - Dans l'épaule gauche en dedans, mon cheval casse son encolure et ne veut pas quitter les épaules de la piste.

4 - Mon cheval refuse de s'arrêter. J'ai beau tirer de toute mes forces...

Voilà, vous n'avez bien sûr pas triché et avez étudié chaque schéma afin d'en comprendre la démarche et vous pensez avoir décelé le piège. Vous pouvez donc maintenant accéder par ce lien à la solution.

Où était (sont) le(s) piège(s) ???