Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais rendre hommage et remercier
à celui qui m'a inspiré ce que je vais vous écrire.
Il a été mon instructeur à Saumur il y a quelques années...
Grâce à lui, j'ai appris la recette de la mousse au chocolat,
celle de la soupe aux potirons et celle de la mise en selle... Il s'agit
d'Antoine Banco ("Maître Coxo-fémoral" pour les intimes...).
Alors voilà, c'est fait ! S'il se reconnaît ou si quelqu'un
le connaît, salut Antoine !
Dans un premier temps, afin que le cavalier sache où doit le guider sa mise en selle, je vous vous expliquer comment le cavalier doit être positionné à cheval :
Le cavalier doit être assis sur un triangle formé par les deux ischions (les pointes osseuses que vous sentez au niveau des fesses) et le périnée antérieur (l'os du pubis).
Cette "base anatomique" vous permet de creuser très légèrement vos lombaires.
Le buste doit être droit et décontracté.
La ceinture doit être tirée vers l'avant et le bas, sans pour autant déplacer l'assiette.
La nuque doit être tendue vers le haut et légèrement vers l'arrière, en faisant apparaître en quelque sorte un délicat double menton.
Les épaules doivent tomber naturellement, les omoplates tendant à se toucher.
Les bras décontractés tombant naturellement le long du corps.
Les coudes pliés de façon à ce que les mains convergent vers la base du garrot.
Les cuisses descendues librement sur leur plat, c'est à dire avec les muscles internes en arrière de celles-ci
Les jambes tombantes également relaxées.
Les pointes des pieds relevées et parallèles entre elles et au cheval, sans blocage des chevilles.
Cette position doit être une position dynamique, c'est à dire pouvant être conservée dans le mouvement en avant du cheval.
De la justesse de la position du cavalier dépendra la justesse de ses actions. C'est donc dire que la position est importante puisqu'elle précède l'action et en détermine sa précision.
1) Les principes
de la mise en selle :
La mise en selle... Combien de cavaliers ont
usé leur fond de culotte sur la selle, en effectuant des kilomètres
de "tape cul", sans pour autant arriver à trouver une
assiette qui leur permette de tenir à cheval en toute circonstance
tout en pouvant disposer de leurs aides afin de conduire leur cheval comme
ils l'entendent... Dans cet article, je vais vous expliquer quelques grands
principes de mise en selle tout en vous montrant certains exercices qui
vous permettront d'être mieux assis à cheval.
À cheval, il n'est nullement besoin d'être souple. Il faut
avant tout être décontracté et en équilibre.
Vos articulations travaillent dans des positions proches de leur position
naturelle : la tête bien dégagée des épaules,
les épaules effacées, le dos droit, les fesses également
réparties de part et d'autre de la selle, etc. La seule articulation
travaillant dans une attitude qui n'est pas naturelle est la hanche, la
coxo-fémorale. La mise en selle est donc avant tout le fruit de la
décontraction du cavalier et, par des exercices spécifiques,
de la souplesse des articulations des hanches pour bien placer les cuisses.
Qui n'a pas entendu un enseignant dire : "Mets tes cuisses sur leur
plat..." alors que nous avons tous les cuisses rondes...
Photo Kit Houghton
Le cavalier dans son ensemble doit être décontracté
! Ses hanches doivent être assouplies. Il nous faut donc dans
un premier temps définir ces deux notions. La décontraction
est un état psychique de relâchement qui entraîne
un état physique de décontraction musculaire. Vos muscles
se détendent parce que votre esprit le permet. Le premier principe
consiste donc à travailler sur votre mental afin d'obtenir ce
relâchement musculaire. C'est d'ailleurs pour cela que je vous
inciterai à travailler les yeux fermés, afin de mieux
vous concentrer sur les différentes parties de votre corps et
de mieux sentir votre cheval. Car pour arriver à bien décontracter
une partie de son corps, il faut se concentrer dessus, et essayer de
la ramollir au maximum, de la sentir s'allourdir, peser.
Les hanches doivent s'assouplir. La souplesse est
la faculté qu'a une articulation à s'ouvrir et à se
fermer. Elle dépend donc du degré d'élasticité
des muscles qui se rattachent à l'articulation. Alors là,
pas d'autre moyen que d'étirer... Et ça fait mal ! Je vous
donnerai donc une série d'exercices qui étireront les muscles
de vos hanches afin d'augmenter leurs qualités élastiques
et de bien placer vos jambes.
Cavalière assise les jambes devant
la selle, prête à faire l'exercice que
vous voyez sur la vidéo
ci-dessous.
Pour simplifier cet article, j'ai fait un plan en deux parties :
une partie sur la relaxation et l'équilibre suivie d'une seconde
partie sur les assouplissements. N'y voyez aucune chronologie. On commence
bien sûr par se décontracter, car on ne peut assouplir que
ce qui est décontracté. Toutefois, l'alternance des exercices
est nécessaire.
2) Relaxation, équilibre
:
Je tiens à vous préciser que, par
le terme équilibre, je ne qualifie pas la position en appui sur les
étriers du cavalier d'obstacle, mais celle de l'appui sur ses pieds
ou sur ses fesses du cavalier qui reste stable à cheval, ne tombe
pas. Un cavalier qui n'est pas en équilibre a besoin de ses mains
pour se tenir à la selle ou pire aux rênes, ou qui se tient
avec ses jambes, ou encore un cavalier qui tombe...
Il faut, dans un premier temps, libérer
votre esprit de tout problème autre que celui de votre tenue à
cheval. C'est pour cela qu'il faut se dégager des soucis de conduite
de votre monture. Vous faire longer est un très bon moyen. Toutefois,
vous pourriez être confronté à un problème de
déséquilibre vers l'extérieur, dû à la
force centrifuge provoquée par le travail en cercle. (Centrifuge
: qui fuit le centre. La force qui a tendance à déporter vers
l'extérieur du cercle tout objet se déplaçant sur ce
cercle. Plus la vitesse de rotation sera grande, et plus la force sera elle
aussi importante.)
Suivre un autre cheval qui vous sert de "tracteur" est
également très bien. Mais attention à avoir un cheval
qui ne grimpe pas sur les talons du cheval qui vous précède,
et que ce dernier ne botte pas quoi qu'il arrive.
Vous allez donc vous asseoir comme sur une chaise
sur votre cheval, les jambes devant la selle, comme le fait la jeune fille
de la vidéo ci-dessus. Les rênes ne sont pas tenues. Les bras
tombent naturellement le long du corps. Vous fermez les yeux et vous vous
laissez bercer par le trot de votre cheval. Bien sûr, vous devez commencer
cet exercice au pas. Et c'est là que vos sensations vont intervenir.
Il faut vous concentrer sur les différentes parties de votre corps,
en les passant en revue l'une après l'autre : "Est-ce que les
épaules sont relâchées ; est-ce qu'elles ballottent
?..." Il en ira de même pour votre nuque, votre dos, vos jambes,
vos chevilles, etc. Nous entrons dans le proprioceptif. Que ressentez-vous
? Que vous dit votre corps ? Sentez-vous le mouvement ondulatoire du dos
du cheval ? Le sentez-vous se mouvoir sous vous ? Alors là, il ne
faut pas avoir peur de ballotter dans tous les sens. Plus vous serez relâché
et plus vous ballotterez, et mieux votre dos, votre rein épousera
les mouvements du dos du cheval. Il peut vous arriver parfois de ressentir
des déséquilibres vous donnant la sensation que vous allez
tomber. C'est tout à fait normal et plutôt bon signe puisque
cela prouve que vous êtes totalement décontracté, moralement
et physiquement. Ceci vous prouve, si cela est nécessaire, que ce
simple exercice (Je n'ai pas dit "exercice simple"... ) améliore également votre équilibre...
Une fois que vous sentirez une amélioration, vous pourrez
passer à un travail dans la position normale, à califourchon
sur le dos de votre cheval. Certains préconisent des kilomètres
de "tape-cul" sans étrier. Cela dans bien des cas n'améliorera
pas votre assise sur le dos de votre cheval, votre assiette. Pourquoi
? Parce que dès que vous remettrez vos étriers, n'ayant
pas forcément réglé le problème de la position
de votre pied dans celui-ci ni son appui dessus, tout pourrait être
à recommencer. Vous pouvez donc travailler à califourchon
sans étrier, mais dans un but d'améliorer votre équilibre.
Là aussi, votre seule préoccupation doit être votre
relaxation. Je vous recommande donc, dans un premier temps, de vous
tenir au pommeau de la selle afin d'éviter de vous tenir en serrant
les jambes. Vos jambes doivent être au maximum ballottantes. Vos
chevilles doivent également être relâchées.
Je ne veux pas que mes cavaliers relèvent les pointes de pied
quand ils sont sans étriers. Nous recherchons ici la décontraction
! Vous vous tenez d'une main, vous laissez pendre naturellement l'autre.
Et au bout de quelques minutes, vous changez...
À ce stade de votre travail, je vais vous
parler d'une notion que certains connaissent : "avoir le cheval devant
soi"... À l'arrêt, fermez les yeux et tenez-vous droit
sur votre cheval. Penchez-vous légèrement en avant, puis légèrement
en arrière. Et essayez de ressentir le moment où vous avez
la sensation d'avoir "plus de cheval" devant vous. À ce
moment là, c'est que vous avez trouvé la bonne position "en
équilibre" du haut de vote buste : les épaules effacées,
le dos droit... Cette position est nécessaire pour l'engagement,
l'impulsion de votre monture.
Le schéma ci-dessous vous explique comment,
à l'aide de gros élastiques, vous pouvez maintenir le
bout de votre pied dans l'étrier. Ce maintien artificiel vous
permettra de vous préoccuper de votre relaxation sans avoir à
vous battre avec des étriers qui ne restent pas en place... Cela
doit également vous permettre, par un travail perceptif et de
décontraction, de bien sentir la juste position et le juste appui
de votre pied sur l'étrier. La jambe doit appuyer naturellement,
sans forcer, sur le talon. L'étrier est chaussé à
la partie la plus large du pied. Ainsi, naturellement, votre cheville
se "cassera" et votre talon descendra, sans appui exagéré
dessus.
Vous pouvez également voir ci-dessous la vidéo d'une
cavalière assise devant la selle. Cette position permet au cavalier
de bien sentir l'engagement de sa ceinture, de son assiette, ainsi que le
mouvement de son dos qui résulte de celui du dos du cheval. Cet exercice
peut être fait au pas et au trot. Il ne faut pas hésiter à
se mettre franchement devant la selle, en avançant le plus possible
sa ceinture. C'est une position confortable... ou presque... Enfin, cela
dépend du cheval qu'on monte !
3) Assouplissements :
Là, il nous faut souffrir ! Assouplir, c'est
étirer les muscles pour leur permettre de s'allonger davantage et
permettre ainsi une plus grande mobilité de l'articulation où
ils s'insèrent.
Le premier exercice que je vais décrire vous servira à
mettre vos cuisses sur leur plat. Mettre la cuisse sur son plat consiste
à mettre les muscles intérieurs de la cuisse, les adducteurs,
en arrière de celle-ci quand la cuisse est au contact de la selle.
Vous attrapez votre pantalon à l'intérieur de votre cuisse
pour provoquer une rotation de la cuisse à l'aide de votre main (voir
la photo ci-dessous). Je profite de cette explication pour ouvrir une parenthèse.
On entend souvent dire dans les manèges : "Rentrer les pointes
de pied !"... Il va de soi que la position des pieds dépend
avant tout de la position de la cuisse. Et bien souvent, pour rentrer les
pointes de pied, il suffit de mettre les cuisses sur leur plat. Il est d'ailleurs
parfois très difficile par exemple de faire rentrer les pointes de
pied à une danseuse qui s'exerce à l'art équestre.
De par la danse qu'elle pratique, ses cuisses sont naturellement "ouvertes",
en rotation externe, alors que celles du cavalier doivent être "fermées",
en rotation interne.
Manon montant Biotine
Les deux exercices suivant, "les écarts latéraux" et "la position de l'arc", ont pour objectif de vous aider à bien positionner vos jambes. Là encore, il n'y a pas vraiment d'ordre chronologique. Toutefois, je fais effectuer en premier à mes cavaliers l'exercice qui leur permet de bien positionner leur cuisses.
La vidéo ci-dessous vous montre une cavalière effectuant des "écarts latéraux". Son but est d'ouvrir l'écart de jambe en étirant les adducteurs, muscles à l'intérieur de chaque cuisse, qui permettent de serrer les jambes
L'écart latéral doit s'effectuer la jambe en place, les
pointes de pied remontées. Comme son nom l'indique, l'écart
n'est que latéral ! La cavalière se tient au pommeau de
la selle pour bien fixer son assiette en avant de celle-ci et pour ne
pas en décoller quand cet exercice est fait au pas ou au trot.
Nous pouvons reprocher à la cavalière de la vidéo
une cuisse légèrement ouverte qui entraîne des pointes
de pied légèrement ressorties qui auraient avantage à
être davantage relevées.
Figure 1Figure
2
Figure 1 : muscles du
bas ventre et des fesses relâchés, le bassin est en antéversion.
Figure 2 : muscles du bas ventre et des fesses contractés, le
bassin est en rétroversion.
La position de l'arc à l'arrêt.
La position de l'arc au trot assis.
L'exercice montré sur les vidéo ci-dessus s'appelle
"la position de l'arc". Il a pour but d'étirer les muscles
antérieurs de la cuisse afin que la jambe soit bien tombante. Vous
devez vous tenir aux étrivières, les mains le plus près
possible de leur attache à la selle. Votre bassin doit être
"gainé". Cela signifie que les abdominaux et les fessiers
doivent être contractés pour placer votre bassin en rétroversion.
Dans cette position, vous devez simultanément tirer vers l'arrière
sur les étrivières afin d'avancer, d'engager au maximum
vos fesses dans la selle et reculer au maximum vos cuisses, vos genoux.
Il est important de bien garder vos pointes de pied relevées. Cet
assouplissement peut se faire aux trois allures. Ce travail se révèle
d'ailleurs très intéressant à faire au galop. L'allure
"roulante" qu'est le galop correspond bien aux orientations
de vos actions de bassin et de jambes pendant cet exercice. Il pourra
même vous aider à sentir la bonne position du cavalier qui
galope : les épaules effacées et le bassin qui s'engage
sur chaque foulée.
Comme vous le montrent les
flèches, dans la position de l'arc, vous devez, en fixant vos épaules
vers l'arrière, engager votre ceinture vers l'avant. Pour cela, vous
vous aiderez de vos mains qui vont tireront vers l'arrière sur les
étrivières (comme vous le montre la photo ci-dessous). Dans
cette position, vous allez essayer de reculer au maximum vos jambes. Cette
action part de vos hanches. Votre jambe ne doit pas se plier au niveau des
genoux.
Ces deux exercices peuvent être également faits
avec les étriers chaussés, à condition que vous chaussiez
suffisamment long. De cette façon, vous les effectuerez dans des
conditions "normales" de travail. il vous suffira de vous tenir
au pommeau pour effectuer "la position de l'arc".
(Vidéo ci-dessous) La combinaison des "écarts
latéraux" et de "la position de l'arc" est excellente
bien que douloureuse... Mais il faut souffrir pour être beau...
cavalier bien sûr...
Les vidéos ci-dessous vous montre un excellent exercice pour assouplir la
cheville. D'une position debout la ceinture avancée et les talons
bas, vous montez sur vos pointes de pied. Tout votre corps doit suivre le
mouvement. Puis, en relâchant les muscles de vos mollets, vous redescendez
sur vos talons. Attention à ce que vos jambes ne partent pas vers
l'avant. Vous devez rester parfaitement équilibré. Pour maintenir
cet équilibre, n'hésitez pas à vous tenir à
la crinière, comme le fait Maïté.
Manon montant Douceur
Les exercices de mise en selle ont pour but d'améliorer votre
assiette. Mais, ils peuvent, ils doivent être faits de manière
très régulière pour vous aider à conserver
votre souplesse articulaire, votre bonne attitude à cheval. Il
m'arrive régulièrement, après avoir détendu
mon cheval au trot enlevé, et avant de commencer le travail au
trot assis, de me tenir au pommeau et d'effectuer ce petit travail d'assouplissement.
Je vais terminer cet article en vous expliquant
quelques exercices que vous pouvez faire en guise d'échauffement
avant de monter.
Cet exercice est l'équivalent, à
pied, de la "position de l'arc". Il a pour but d'étirer
les groupes musculaires antérieurs de la cuisse.
Encore un exercice qui est l'équivalent, à pied, de la "position
de l'arc". Mais, il va surtout intervenir au niveau des muscles de
la hanche, le psoas-iliaque en particulier. il étire également
le mollet. Les pieds doivent rester le plus possible dans l'axe et à
plat afin de faire travailler au mieux la cheville.
Cet exercice est l'équivalent des "écarts
latéraux". Il a pour but d'étirer les adducteurs. Essayer
de maintenir également vos pieds dans l'axe et d'avoir le buste bien
droit, en essayant de bien"gainer" votre bassin. (Muscles abdominaux
et fessiers contractés pour avoir le bassin en rétroversion.)
Cet exercice vous servira à faire travailler
vos chevilles. Relâchez vos mollets et laissez votre poids du corps
se porter sur vos talons. Vous pouvez complexifier cet exercice en ne le
faisant que sur un pied. Votre poids se portera entièrement sur celui-ci
au lieu d'être reporté sur les deux. Vous pouvez également,
en appui sur les deux pieds, vous mettre sur la pointe et, en relâchant
vos mollets, vous laissez "tomber" sur les talons.
Ce dernier exercice vous permet de sentir la position
"effacée"
des épaules du cavalier.
Bien sûr, cette liste d'exercices n'est pas limitative.
Il en existe beaucoup d'autres. Mais, il me fallait faire un choix. Je
l'ai donc fait en cherchant des exercices les plus complémentaires
possible avec ceux que je vous ai proposés à cheval. Mais,
si vous en connaissez d'autre qui vous conviennent, je ne vous en voudrais
pas...