Que ce soit en licol, en filet ou en longe, mener un cheval en main est une manipulation courante. Se faire bousculer, marcher sur les pieds, tracter n'est pas très agréable mais au delà de ce problème de confort, il existe un véritable problème de sécurité si le cheval ne vous respecte pas. Que ce soit par indifférence, irrespect ou inattention, votre cheval ne doit vous ignorer. Il doit être attentif à votre présence.
La première règle à observer est de toujours éviter de tendre la longe entre le cheval et le meneur. En effet dès que la longe est tendue, et même si aucun des deux ne tire, on est en opposition directe de force. Cela signifie également que le meneur n'a pas de marge de manœuvre en cas de débordement, le poids plume de l'homme n'ayant aucune chance face au poids du cheval. Il est donc impératif de se débarrasser de l'idée que l'on peut mieux maîtriser un cheval en le tenant proche de son licol. Il faut laisser la longe librement pendre et la tenir au minimum à 50 cm sous l'attache.

© Maryan (en personne... Et le nez de Une A...)
La seconde règle est qu'il ne faut pas chercher à retenir le cheval en cas de débordement.
Je vais vous proposer deux méthodes pour attirer retenir l'attention de votre cheval : soit en faisant des vibrations plus ou moins intenses sur la longe, soit en changeant intempestivement de direction, chaque fois que le cheval double.
1) Par vibrations :
Le ralentissement, la remise en place (derrière le meneur ou à côté), l'arrêt s'obtiennent en agitant brièvement la section de longe entre la main et l'attache. L'intervention doit être immédiate, sèche, sans être violente, et extrêmement courte (1 ou 2 secondes).
On peut l'accompagner d'un ordre vocal, toujours le même ("non" "derrière" ou autre…).
La marche du meneur est continue (pas d'accélération, ni de ralentissement, ni d'arrêt).
Cette vibration fait lever légèrement la tête à l'animal qui ralentit automatiquement et simultanément sa foulée. Ce ralentissement marque également la fin de l'intervention du meneur et bien sûr une félicitation vocale ou une caresse (le meneur marche normalement pendant toutes les opérations). A chaque fois que le cheval se porte un peu trop en avant, le meneur intervient de la même manière et autant de fois que nécessaire. Seul un débordement excessif ou une bousculade justifie une secousse plus intense accompagnée d'une réprimande vocale.
 © Maryan (en flagrant délit de brutalité sur Une A...)
L'apprentissage de l'arrêt en main se fait par une vibration sèche et courte (mais, j'insiste, jamais brutale ! Pas de tension ni traction de la longe), avec un ordre vocal net. On peut également y ajouter un geste qui peut par la suite se substituer totalement à la secousse et à l'ordre vocal. Personnellement je relève clairement ma main, comme le fait le cavalier de tête en extérieur pour signifier aux suivants un changement d'allure. Pendant les premières tentatives l'ordre et l'action sont simultanées. Ensuite le meneur commence par l'ordre ou le signe de l'arrêt tout en s'arrêtant lui-même, puis, sans réponse immédiate du cheval, il intervient par son action sur la longe.
2) Par changement de direction :
Le meilleur apprentissage ce fera dans une carrière ou un manège, dans le paddock ou le pré pour ceux qui ne disposent pas d'installation. La tenue de la longe se fait assez loin de l'attache au licol, au moins à 1 mètre.
Le meneur évolue librement et d'un bon pas, il sollicite le cheval pour que celui ci le suive. Dès que le cheval se porte à hauteur du meneur ou le devance légèrement, le meneur effectue un brusque changement de direction à l'angle droit. La longe va se tendre soudainement entraînant le cheval dans le sillage du meneur. Ce dernier peut imprimer en cet instant précis quelques secousses à la longe mais en prenant soin de ne pas entrer en traction. Ici encore, il ne s'agit pas de faire mal au cheval ou d'être brutal mais de rendre la situation suffisamment inconfortable au cheval pour que de lui même il apprenne à être attentif à celui qui le tient. Le meneur veille à ce que la longe ne reste jamais tendue dès lors que le changement de direction a été effectué.

© Maryan (et Une A, toute dépitée de tant de violence...)
Si le cheval rattrape son meneur en 2 ou 3 foulées pour se porter à nouveau trop en avant, le meneur enchaîne autant qu'il le faut ses changements. Très rapidement le cheval trouve une solution en laissant son meneur devant lui mais il se peut qu'il reste inattentif. Il est donc nécessaire de continuer l'exercice mais de façon beaucoup moins intensive, avec des changements plus espacés mais toujours soudain. Le but n'est pas de mettre le cheval à la faute. Il faut simplement le laisser faire. Le meneur doit être attentif, vigilant, exigeant et réactif pour que le cheval identifie clairement que c'est son débordement qui le met dans une situation inconfortable.
L'arrêt du cheval s'obtient par l'arrêt brusque du meneur qui donne simultanément un ordre vocal clair ( "stop" par exemple) et sonore accompagné d'un geste soudain du bras pour surprendre le cheval. Si le cheval poursuit sa marche ou déborde le meneur avant de s'arrêter, ce dernier le réprimande vocalement tout en posant une main ferme au poitrail pour le faire reculer. Cette intervention doit être instantanée : la brusque et sonore volte face du meneur tout comme l'obtention immédiate du reculer par la main n'est efficace que dans la mesure ou cette réaction prend le cheval par surprise.

© Maryan (heureusement qu'il y en a d'autre, moi entre autre,
qui l'aime et qui la console,
la pauvre Une A...)
Comme toujours, il n'est pas question d'être brutale et violent, mais d'être rapide et réactif. C'est l'ampleur de nos gestes, la rapidité, un cri soudain qui nous donne l'avantage. cela nous permet de surprendre le cheval et de profiter de sa surprise pour agir car c'est en cet instant qu'il est malléable. Ce petit moment est bref, il nous dispense de tout rapport de force. Nous devons respecter la durée restrictive de ce moment de "faiblesse" de l'animal, c'est à dire ne pas en faire plus, trop ou trop longtemps et ceci pour 2 raisons très importantes : d'une part nous devons absolument éviter de faire basculer le cheval dans un état de stress en entretenant inutilement sa surprise et, d'autre part et face à un animal téméraire, le cheval évaluera vite nos limites.
Chaque signe d'obéissance doit être félicité. Pendant les manipulations qui suivront, et sur plusieurs jours, alors que le cheval a apprit ses codes, l'obéissance spontanée doit être félicité par des félicitations vocales, des caresses inopinées au long du déplacement, tout ceci afin de renforcer au maximum ce que le cheval doit assimiler, à savoir : je régle mon pas sur le pas du meneur ; je surveille le meneur = liberté de mouvement, caresses, tension basse.
Si un cheval impétueux ou fort mal éduqué demandera peut-être un peu de temps avant de respecter ses distances avec son meneur, le temps et la répétition des exercices assurent un résultat positif quel que soit le caractère de l'animal. Certains chevaux peuvent demander une vigilance à vie, car leur tempérament est ainsi fait qu'ils sont nerveux, hyperactifs, émotifs…. Mais tous sont aptes à apprendre à être mené en main en respectant leur meneur. C'est ensuite à ce dernier d'anticiper au maximum les situations à risques : éviter les élèments perturbateurs (ne pas prendre le cheval en main juste au moment de la distribution de nourriture, passer à côté d'un cheval agité, etc….)
Mon attitude doit toujours refléter celle que j'attend de mon cheval pour l'influencer
Réagir vite et avec parcimonie, toujours donner la possibilité à mon cheval de me répondre, de réfléchir au problème que je lui pose, encourager les bonnes attitudes car rien est jamais acquis, récompenser les bonne réponses. C'est à ces conditions que vous apprendrez à vote cheval à vous erspecter en marcher, sans crainte pour vous, à vos côtés.
PS : Vous aurez certainement compris que les commentaires sur les photos de Maryan ne sont que de petits commentaires "taquins" qu'il ne faut surtout pas prendre au premier degré ! Mais, c'est son Maître, DJ, qui m'a appris à commenter les photos... Alors, je fais... Bisous Maryan !
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