Équitation Passion : Le site de l'Équitation à Cheval et à Poney.

Étologie et Équitation.


Introduction :

 

Alors là, Maryan, quel article... Je suis vraiment impressionné ! Surtout que le sujet est, comme qui dirait, d'actualité, brulant...

Si comme Maryan, vous souhaitez me soumettre un article à mettre en ligne, n'hésitez pas ! Reportez-vous aux conditions que vous trouverez en cliquant sur le lien ci-dessous.

En attendant, merci encore à Maryan pour ce superbe article et pour sa participation active dans la vie du site et du forum en particulier.

Conditions...


Conférence du 10 février 2004 à l'E.N.E.S.A.D. de Quétigny (21)

"Les fonctions comportementales chez le cheval
et leurs applications à l'équitation"

Intervention de Monsieur Jean-Claude Barrey

Compte rendu à partir de notes personnelles, il ne s'agit absolument pas d'une méthode d'éducation ou d'équitation mais de réalités scientifiques en l'état actuel des connaissances éthologiques relatives au cheval. J'ai souhaité retranscrire une approche scientifique de l'animal accessible à ceux qui ont une pratique équestre courante et qui n'ont pas forcément de connaissance zoonomique du cheval.

Marianne Maupy



M. Barrey étudie les chevaux depuis 30 ans. Il enseigne en éthologie équine et humaine. Il est directeur de la station de recherche de Saint-Sauveur en Puisaye. Voici l'adresse du site de son association :

http://puisaye-station-recherche.ifrance.com/puisaye-station-recherche/

Il travaille sur des groupes de chevaux d'une quarantaine d'individus, notamment sur une période de 12 ans en observation simultanée sur 2 groupes sociaux complets (1 étalon + un harem constitué de juments suitées ou non et de jeunes mâles). Il précise qu'une espèce domestique ne peut être étudiée de façon sérieuse sans des connaissances approfondies sur la souche sauvage de cette espèce. C'est pour cela qu'il appuie ses recherches sur celle de Claudia Feh, spécialiste du cheval sauvage et dont la station de recherche est basée en camargue. Cette éthologue est chargée de la réintroduction du cheval de Przewalski en Mongolie.

Il ajoute que la connaissance biologique étendue à plusieurs espèces, en y incluant leur évolution, est aussi une condition sine qua non d'une logique éthologique et scientifique, à laquelle s'ajoute les connaissances en neuro-physiologie, en génétique, en biologie animale..

Il indique que l'observation d'un seul individu permet accessoirement d'établir un éthogramme de celui ci mais ne permet en aucun cas la compréhension d'une espèce.

Éthologie : étude scientifique des comportements des animaux de toute espèce dans leur milieu naturel. L'éthologie vise à étudier des comportements non altérés, par l'observation, avec minutie, sans aucune intervention, puis par modification infime de l'environnement pour évaluer la véracité de l'analyse.

 

1) Modifications génétiques entre le sauvage et le domestique

Le cheval de Przewalski est le seul cheval sauvage existant. La race n'est pourtant pas tout à fait "pure" car il y a beaucoup de consanguinité, conséquence du nombre réduit d'individu disponible à l'origine du travail de réintroduction en milieu naturel. Cependant, les comportements sauvages de l'espèce avaient été préservés et la réintroduction semble un succès.

 

Les mustangs ne sont que des chevaux domestiques échappés à la colonisation du territoire américain. Il est à noter que leur "style de vie" est totalement déstructuré, le gigantisme des troupeaux n'étant absolument pas le reflet des comportements de l'espèce (sauvage ou domestique) et interdisant toute cohérence de fonctionnement.

La différence fondamentale entre la souche sauvage
et l'animal domestique est la néoténie.

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2) Vers la néoténie

À l'âge adulte, l'animal sauvage, quelque soit l'espèce, n'apprend plus rien. Son système nerveux est "refermé" contrairement à l'animal domestique. Ce processus est l'hétérochronie. "Une horloge interne de fonctionnement des chromosomes" en quelque sorte. Chez l'espèce domestique ces mêmes chromosomes continuent à fonctionner ou s'arrêtent bien plus tardivement.

Chez l'humain, le cerveau associatif permet la pensée abstraite, cette partie du cerveau a été acquise en 3 couches successives au cours de l'évolution. Ces couches sont absentes ou à un stade peu développées chez l'animal. (hors primates supérieurs).

La néoténie est en fait une mutation génétique qui permet la conservation des caractères juvéniles, donc des aptitudes à l'apprentissage, tout au long de la vie de l'individu.

L'autre souche sauvage proche du cheval est le Tarpan, cousin du Przewalski, dont il diffère "de quelques gènes". De la souche sauvage du Tarpan est apparue par mutation génétique, une autre branche néoténique à l'origine de la totalité des chevaux domestiques actuels, du shetland au percheron !

On ne peut pas recréer une espèce disparue, ainsi le tarpan que l'on
trouve aujourd'hui n'en a que l'apparence physique. Les programmes comportementaux propres sont impossibles à retrouver.

La domestication est donc liée à cette mutation génétique, cependant il n'est pas encore possible de savoir si c'est la domestication qui est la cause de cette mutation ou la mutation qui a permis la domestication. Il faut garder à l'esprit que la domestication des animaux par l'homme s'est fait progressivement, simultanément à l'évolution de l'espèce humaine et sous son influence.

Avec les petits de toutes espèces, l'homme peut entrer en communication car les jeunes sont naturellement plus "perméables". C'est l'acquisition des expériences et la transmission des savoirs (par l'inné et l'acquis) qui vont par la suite rendre l'adulte "moins abordable".

On observe l'ouverture de reconnaissance inter-espèces chez l'animal domestique. C'est à dire l'assimilation d'individu d'espèce différente comme faisant partie du "clan". Un animal domestique peut développer spontanément (ou par apprentissage) une relation de communication et "d'attachement" avec un "non-congénère". Ce genre "d"association" n'existe pas entre espèces sauvages.

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3) Le cheval domestique / le cheval sauvage...
.......différences et similitudes

Biotope originel : la steppe. Pourtant à l'origine le cheval vivait en forêt, il était petit et se nourrissait de feuilles, de branches, d'écorces, il grandit et la forêt n'est plus un milieu adapté à sa taille, il devient donc un animal de steppe.

En milieu sauvage, le cheval évolue dans un milieu ouvert, c'est un herbivore de plaine.

Chez le domestique on retrouve donc cette notion que toute barrière est considérée comme une agression. On retrouve aussi la consommation de feuillages ou d'écorces.


Les besoins : 60 kg d'herbe par jour pour un cheval moyen mobilisant 15 heures de son activité avec déplacement. il donne environ 10 000 à 12 000 coups de mâchoires et parcourt 4 à 10 km . La courbe de poids d'un cheval dans la nature varie tout au long de l'année.

Les neuro-transmetteurs attestent de la satisfaction du besoin.

La non satisfaction du besoin (ou déficit de l'activité P.A.S. : Potentiel d'Actions Spécifiques ) réoriente le comportement vers des dérivatifs (grattage, consommation des mobiliers en bois, tics.).

P.A.S. : Potentiel d'Actions Spécifiques = comportements instinctifs dont la réalisation est indispensables à l'équilibre psychologique de l'animal

La structure prédateur / proie est réductrice quant au
rapport cheval / homme.


On est ni prédateur ni proie tout au long de sa vie et de son activité quotidienne. De plus, le prédateur mange de la viande vivante. L'homme mange de la viande morte. Il est charognard (pas péjoratif). De son côté le cheval dans son groupe est peu attaqué, et si un cheval isolé est condamné, il est rarement en danger à l'intérieur du groupe car les prédateurs n'attaquent pas un groupe d'individus mais un sujet isolé.

Il est donc impératif d'exclure ce schéma proie / prédateur.


Le cerveau des mammifères est constitué sur un même schéma : on y distingue différentes zones plus ou moins présentes selon les espèces dites inférieures, évoluées ou supérieures. Chacune de ces zones est "le berceau" de comportements :

Zone 1 :

L'archaïque ou reptilien fonctions vitales, mécaniques (unique zone chez les mammifères inférieurs).

Zone 2 :

Système limbique ou cerveau moyen émotions, apprentissage à long terme, développement de stratégies (cette zone apparaît à partir des oiseaux jusqu'au mammifères supérieurs, elle est extrêmement développée chez le cheval, il l'utilise pour orienter ses décisions, c'est une zone pilote chez lui).

Zone 3 :

Cortex sensoriel et moteur locomotion, perception.

Zone 4 :

le néo-cortex associatif est très peu présent chez le cheval et dominant chez les primates supérieurs (singes supérieurs, humains...) ce sont les couches supérieurs du cerveau. (Il faut savoir que cette zone cérébrale s'est développée au cours de la dernière partie de l'évolution de l'espèce humaine, d'où le nom : néo) conceptualisation, projection mentale.

Le cheval n'atteint donc pas le stade de la causalité, il atteint le stade précédent : la continuité, les stimuli proches, l'association mais pas les notions de cause à effet.

Exemple : il sait bidouiller le verrou de son box pour ouvrir la porte, il a associé le verrou à l'ouverture mais il ne comprend pas comment celui ci fonctionne mécaniquement parlant. Donc il le bidouille, la porte s'ouvre.. Gagné !!!!

La téléonomie est l'apprentissage favorable à l'espèce mais non transmis génétiquement.

Exemple : la meute de loup hurle au loin, puis elle déboulle et le poulain se fait pourchasser. Aux prochains hurlements, le poulain s'enfuit sans attendre. Le poulain seul ne fuira que s'il a l'expérience de l'agression mais ne saura identifier le hurlement de la meute instinctivement, par contre au milieu des adultes, il apprend à fuir au signal parce que les "grands" le font. Ce type de transmission de savoir s'appelle l'ontogénèse : de génération en génération par apprentissage ( diiférent de la philogénèse qui est la transmission du savoir de génération en génération génétiquement).

Organisation : 300 à 500 hectares sont nécessaires à la manifestation de comportements naturels, il faut éviter la limitation territorial pour l'observation. Le cheval "colonise" tout ce qui est accessible, en dessous de 300 hectares, il est "comprimé".

Spontanément l'organisation normale est : 1 étalon et un harem de 1 à 3 juments + jeunes (environ 10 individus pour un groupe).

Vers 18 mois les mâles partent. (rivalité avec l'étalon, rejet du groupe). Les jeunes mâles se regroupent en périphérie (une dizaine d'individus). Ces groupes satellites sont des "réservoirs de reproducteurs". La jument ou pouliche effectue des sorties du groupe, le rôle de l'étalon est d'empêcher la dispersion. Une jument fertilisée par un mâle extérieur change d'odeur au fur et à mesure de la gestation mais cette odeur n'est pas reconnue par l'étalon de son groupe d'origine. Elle finira par quitter le groupe ou en être chassée par l'étalon qui ne l'identifie plus comme appartenant au groupe.

Seule la jument choisit le mâle. Une semaine est nécessaire à la synchronisation mâle/femelle lorsque le couple est constitué, ensuite, les accouplements durent 4 jours, de nombreuses fois par jour. 95% de fécondation lorsque la reproduction s'effectue dans les conditions naturels, 60 % lorsqu'elle est s'effectue "en main" et extrêmement peu de réussite lorsque c'est par insémination.

Tant que la jument/mère n'est pas intégrée dans un groupe, son poulain à très peu de chance de survie.

Les phérormones servent à la communication extérieure (déposées par les crottins, urines, par la sole.). L'étalon marque par le dépôt de crottin, identifiable en tant qu'étalon. Lors de la perception d'un autre étalon sur une marque fraîche, il s'arrête longuement et se manifeste bruyamment (signaux vocaux, grattage du sol). Si la marque est vieille, il s'arrête peu de temps. Ce comportement est justifié car cela permet d'éviter au maximum les affrontements. En marquant longtemps et en se signalant ainsi avec insistance, le groupe qui a précédé peut s'éloigner davantage.


L'étalon recouvre les crottins de mâles par ses propres crottins et ceux des femelles par l'urine. Il est à noter que l'étalon n'identifie pas ses propres marques. Seuls des dysfonctionnements de synchronisation vont amener des groupes à se rencontrer. (dispersion des phérormones de marques fraîches par la pluie, le recouvrement.). La confrontation ne vise jamais à éliminer l'autre mais à le faire partir. Toute esquisse de fuite arrête la bagarre. Les individus qui se sont déjà affrontés ne se battrons pas lors d'une autre rencontre. Chacun ayant déterminé sa place hiérarchique par rapport à l'autre. Seule la volonté de remettre en cause la hiérarchie peut déboucher sur un nouvel affrontement mais de façon général, chacun garde en mémoire sa place hiérarchique.

La hiérarchie des étalons est dissociée de la hiérarchie des juments. Seule l'arrivée d'une nouvelle chamboule l'ordre mais la hiérarchie initiale est toujours reprise avec l'insertion de la nouvelle venue dans celle ci. Il y a précédemment une phase de rejet de l'individu inconnu.

Cette organisation et réorganisation s'étend à chaque humain
intervenant régulièrement dans la vie d'un groupe


Une jument gestante peut modifier temporairement sa place d'un "rang ou 2" dans l'ordre hiérarchique jusqu'à l'arrivée du poulain (modification hormonale entraînant + d'agressivité). Elle retrouve généralement son ancienne place, éventuellement elle gagne un rang.

Le mâchouillement du poulain n'est pas un signe de soumission mais un signal programmé pour qu'il manifeste son statut de poulain face à l'agression. Ce signe interrompt instantanément l'agression de l'adulte. Ce programme disparaît avec l'âge adulte chez l'espèce sauvage, mais plus ou moins sur l'espèce néoténique (souche domestique).

La présence d'adultes autour de la jument et de son poulain est indispensable à l'apprentissage social de ce dernier. Un poulain seul avec sa mère conservera toute sa vie un statut de poulain et se comportera comme tel.

Le schéma mère + groupe autour du poulain est indispensable . En cela les techniques d'imprégnation précoce (avant 15 jours) provoquent des séquelles irrémédiables car le poulain scinde son attachement sur deux individus : sa mère et un humain et se retrouve avec deux mauvaises mères ! C'est à dire une demi mère nourricière et une demi mère sociale. (poulain insécure = cheval caractériel). Le poulain divise donc son rattachement, ses repères sont altérés, on observe alors la persistance des comportements de "caprices", de tests continuels, souvent irréversibles. Autres séquelles observées : la pouliche une fois adulte refusant l'étalon ou l'allaitement à son poulain.


Le sevrage du poulain est double : physiologique par le sevrage alimentaire et psychologique par le sevrage affectif qui s'effectue vers 18 mois pour les mâles et entre 2 et 3 ans pour les femelles.

L'odorat est privilégié par le cheval, vient ensuite le toucher . Si sa vue lui permet une surveillance panoramique et une grande réceptivité au mouvement, il ne s'y réfère pas pour prendre des décisions et apprendre. Seule une vérification olfactive puis tactile guide son comportement.

Le flehmen , pratiqué par les mâles et les femelles met en fonction l'organe vomero-nasal dont le cheval est pourvu (situé sur le plancher de la cavité nasale). Le relèvement de la lèvre supérieure obstrue cette cavité, l'air emprisonné et chargé de phérormones subit un réchauffement, mettant en exergue les qualités informatives des phérormones, sollicitant l'organe vomero-nasal. Pour les crottins, les phérormones sont secrétées au niveau des intestins.



La vision du cheval altère le relief (pas de fauvéa chez le cheval, tâche sensible, présente au fond de l'oil humain) On remarque que le cheval a peu de mouvement oculaire. Il possède à la place une vision panoramique circulaire (perception très proche de la notre avec une dominance verte), seulement amputée d'une ligne naseau temporale et d'un mince couloir derrière lui. il voit donc constamment devant lui, sur les côtés et presque totalement derrière lui. Une très légère rotation de la tête lui permet facilement de voir derrière lui. Le cavalier entre donc dans son champ visuel.

Il perçoit plus le mouvement que le relief . Lorsqu'il n'arrive pas à discerner ce qu'il sent, il va bouger pour voir, c'est à dire qu'il compense l'immobilité de son objectif visuel par son propre mouvement.

Hiérarchie 

Chef : celui qui dirige l'activité des autres ( inexistant chez le cheval égocentrique) . Il est motivé par ses propres "envies". Si les autres le suivent c'est par imitation ou opportunisme, il n'impose pas volontairement aux autres une activité.

Dominant : prioritaire à l'accès aux biens.

Leader : imité par les autres qui ont remarqué la pertinence de son comportement. Cette position n'est pas consciente. Le leader ne sait pas qu'il est leader, il n'impose pas cela. Il est souvent plus "malin" que les autres, le premier a trouver quelque chose. Il n'est pas forcément dominant au contraire, il en est souvent la victime. Car il trouve et le dominant profite de sa trouvaille en le chassant. De même le dominant est rarement leader car il est plus agressif, les autres le craignent et il n'est donc pas suivi dans ses déplacements.

Le hongre a un statut de femelle pour l'entier. Sauf castration tardive ou castration sans ablation total de l'épididyme. L'épididyme est une partie intermédiaire entre le canal déferrant et le testicule. Peu accessible et plus ou moins long, il sécrète aussi des hormones mâles. Il est à l'origine des comportements résiduels d'entiers chez les hongres.

Le rôle de l'étalon se limite à la sécurité et à la reproduction.
Il n'a aucune intervention prioritaire sur les autres activités du groupe.

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4) Structure de l'espace chez le cheval

Contrairement à une structure pyramidale (avec un chef, tout le monde regarde le chef), les chevaux ont une structure en réseau : tout le monde regarde tout le monde.


Le cheval dans son rapport avec l'homme associe ses rituels aux nôtres. Il va intégrer les comportements de l'homme comme des rituels propres à son espèce mais également adopter nos signes comme étant les siens.

Par exemple la prise de contact propre à son espèce est le contact naso-nasal, si nous simulons cette attitude (mains dans le dos, dos courbé, tête en avant tendue vers lui) il reconnaîtra la demande de contact naso-nasal -cheval- bien qu'il ne se trompe pas sur notre apparence, nous ne sommes pas un cheval ! Cependant, par habituation, il intégrera en plus que notre main tendue est un signe de prise de contact -humain- non agressif, et saura accepter cette forme de "présentation".

Un rituel est un acte toujours semblable dont la signification est reconnue au sein de l'espèce. Exemple : le rituel d'apaisement est l'exposition de la jugulaire pour signifier sa passivité et stopper une agression.

Un signal est un signe convenu pour avertir. Exemple : le signal d'alerte d'un cheval qui adoptant une attitude spécifique (tête portée haute, regard fixe, souffle bruyant) communique ainsi à ses congénères l'hypothèse d'un danger proche.

Le rituel peut se transformer en signal : le rituel d'apaisement est l'exposition de la jugulaire par inclinaison de la tête vers le côté. La transformation en signal est en fait une exagération du rituel et devient, dans ce cas, un balancement du cou puis du corps de droite à gauche.

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5) Biochimie du stress

Qu'est-ce que le stress ?
(jusqu'au syndrome de Klüver-Bucy)

La tension négative du stress met en ouvre un processus biochimique destructeur de terminaisons sensorielles.

Les capteurs sensoriels sont pourvus de filaments nerveux reliés au cerveau. Selon si ces capteurs sont activés positivement ou négativement, l'organisme va produire plus ou moins de filaments ou les détruire, développant la réceptivité de la sensation si elle est agréable, la neutralisant si elle est désagréable.

Exemple : le contact à la jambe. Si ce contact est ponctuel et progressivement affiné, les capteurs sensoriels de la zone de contact vont se pourvoir de terminaisons nerveuses supplémentaires. Le cheval sera plus réceptif, il développera une grande sensibilité au contact à la jambe. En revanche dans le cas où le contact est perpétuel et fort, ne se rattachant à aucune sensation d'apaisement ou de récompense (si la sollicitation est désagréable voir douloureuse), un processus chimique interne "détruit" les terminaisons nerveuses : insensibilité, il n'y a plus de réponse.

Plus le stress est élevé plus le processus est rapide.

Il est intéressant de savoir que l'absence de sollicitation provoque l'étiolement ; le stress : le destruction définitive d'une partie des terminaisons nerveuses.

Pour comprendre la manifestation du stress chez le cheval, il faut savoir quel est le processus mental suivi lorsqu'il est confronté à un problème .

Les différents comportements du cheval sont hiérarchisés en fonction du niveau de stress ou de l'absence de stress. Il a été observé 5 niveaux (de fonctions comportementales finalisées) correspondant chacun à des programmes/solutions selon la situation à laquelle l'animal est confronté.

 

Niveau le plus élevé : Les FONCTIONS DE SAUVEGARDE (alertes, fuites, agressions)
sont prioritaires devant toutes les autres, elles assurent la sécurité de l'animal, elles laissent peu de place au raisonnement car elles s'effectuent en tension extrême.

Ensuite viennent les FONCTIONS DE RELATIONS (toutes recherches et manifestations des contacts sociaux - parentaux, sexuels, amicaux)

Puis les FONCTIONS DE SUBSISTANCE (recherches de nourriture, d'eau, d'environnement favorable).

Ces 3 niveaux de fonctions satisfaits (sécurité, environnement social, nutrition) vient le niveau des FONCTIONS DE RECUPERATION ( repos éveillé, sommeil léger, profond et paradoxal).

Ces quatre niveaux sont des niveaux primitifs, ils recouvrent en fait les fonctions vitales. Lorsque ces quatre niveaux ne mobilisent pas l'organisme, car les fonctions sont satisfaites, le cheval se trouve alors dans un niveau où sa tension est la plus faible , on appelle ce niveau LE CHAMP DETENDU.

Ce niveau est une fonction particulière qui apparaît chez les animaux possédant un système limbique évolué. Il prend plus ou moins d'importance selon les mammifères car il est lié au développement du néo-cortex associatif (très présent chez l'homme).

Les activités qui se déroulent en champ détendu le sont sans tension, à vide, on peut y retrouver les activités des quatre précédents niveaux à la différence que leur manifestation n'est plus liée à un besoin vital immédiat, de survie, ou d'urgence mais pour "le plaisir du geste", la sensation de satisfaction, d'accomplissement.

En champ détendu , se situe les activités de jeu sous toutes ses formes, mais aussi les activités de dérivation (galop, saut de mouton, ruade), l'activité exploratoire, l'imitation, les comportements sociaux simulés (combat, parade amoureuse), la curiosité, la gourmandise.. . Il s'agit en fait d'activer (tant pour l'homme que pour le cheval !) le circuit de la récompense (production positive d'endomorphines).

Chaque niveau s'apparente un peu à un "catalogue" de réponses. Le cheval recherche toujours la solution la plus basse en tension . Lorsqu'il est confronté à un "problème" auquel il ne peut répondre, son stress augmente, il explore ses "programmes" en commençant par le niveau le plus bas de tension. S'il trouve le comportement adapté, il redescend en champ détendu sinon il passe dans le niveau supérieur et son stress continu d'augmenter.

Il passe en quelque sorte d'un état d'alerte bas à des niveaux supérieurs d'alertes, progressivement, dans la mesure où il ne retrouve pas de situation apaisante.

L'équitation ne peut se pratiquer qu'en champ détendu sinon le cheval ne travaille plus pour le cavalier mais pour sa sauvegarde personnel (défenses).

Le niveau le plus intense de stress est :


Avant le stade de l'inhibition totale , il y a celui de :


Le palier du stress absolu se trouve entre 200 et 220 pulsations cardiaques/minute.

Il est à préciser qu'à l'issue de contrôles cardiaques effectués sur de nombreux individus en situation de "join up", ce palier a été systématiquement constaté


Processus biochimique

La situation de stress mobilise l'axe HHA (hypothalamus / hypophyse / amygdo temporal). Il correspond à une "montée en puissance" de la production d'hydrocorticoïde. C'est une projection immédiate dans le niveau le plus élevé des fonctions comportementales : LES FONCTIONS DE SAUVEGARDE. La solution terminale d'évacuation du stress est la fuite .

La montée dans les stades HHA peut être extrêmement rapide et l'impossibilité d'évacuation de la tension passe d'une hyper productivité d'hydrocorticoïdes à la production d'endorphine en grande quantité, on atteint la catalepsie : absence d'activité, de réactivité, de sensibilité. Ceci peut se produire en quelques minutes . C'est le cas par exemple du "join up".

Processus comportemental

Face à une situation de stress, le cheval va explorer très rapidement toutes les fonctions programmées et acquises dont il dispose. Dès qu'il adopte une fonction comportementale qui abaisse son stress, il mémorise et associe le stimuli à la solution pour recouvrer celle-ci dès l'apparition du stimulus. Son objectif est toujours l'absence de stress. Si le stimulus persiste, le cerveau détruit les neuro-récepteurs sensibles au stimulus pour évacuer la situation de tension intolérable pour le cheval. Ceci entraîne une absence total de réaction.

Les chevaux adultes ne "jouent" plus, dans la mesure où le jeu correspond, chez l'animal, un période d'apprentissage des comportements utiles et propres à son espèce. Par contre les activités en "champ détendu" sont faites pour évacuer la tension, le besoin de mouvement ou toutes accumulations psycho-biologiques non satisfaites, on y retrouve alors, chez l'adulte, les comportements de jeu mais dépourvus de sens pédagogique.

Répartition des activités au cours de la journée

La récupération occupe 17 à 30 % du temps, soit 3 à 4 heures dont 20 minutes de sommeil paradoxal (rêve) obligatoirement couché. Le rêve sert à la fixation des apprentissages. L'activité sociale représente 5 à 10 % (contacts sociaux), les déplacements envrion 7 %. Le reste du temps est consacré à l'alimentation.

On remarque parfois des chevaux en box levant le pied lorsqu'il mange, il s'agit d'un conflit de comportement, la nutrition se faisant normalement en marchant (cette manifestation n'a aucune incidence négative) .

Le déficit de "mastication" entraîne le tic à l'air ou très fréquemment un baisse des défenses immunitaires. Un cheval en box sur copeau, ayant une activité réduite et nourrit aux granulés est, la plupart du temps, un cheval souvent malade.

De façon générale, la santé fragile d'un cheval est souvent révélatrice d'un problème comportemental.

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6) Les relations hommes / cheval

Soit il nous considère comme un objet neutre, soit un danger, soit partenaire valant cheval c'est à dire lié à lui.

En tant que partenaire, nous accédons à la "panoplie" de statuts existants dans un troupeau : compagnon, parent, jument, poulain, dominant, adulte, leader, étalon, etc.

En fonction de notre façon de fonctionner dans la relation avec le cheval, il nous "classe ". Evidemment il y a des statuts à éviter ! Par exemple celui de jument qui nécessite des justifications. Il faut parvenir à être étalon "sans statut" c'est à dire un compromis leader / dominant : accès prioritaire aux biens sans provoquer la crainte et provoquer l'intérêt par la pertinence de nos actions.

Il est intéressant de savoir que la jument a un déplacement aléatoire et l'étalon un déplacement direct. Cela signifie que notre façon de nous diriger au sein d'un groupe ou vers un individu "nous colle une étiquette" ! Un déplacement hésitant, sinusoïdal fera la preuve de notre inefficacité en tant que leader/dominant (absence d'intérêt du cheval, manque de respect, fuite). Un déplacement franc, direct ( à ne pas confondre avec une charge !) et calme aura une signification limpide : c'est moi qui décide !


Si les relations inter espèces sont possibles, il apparaît néanmoins que l'individu d'une espèce différent n'est pas sexué. Il "suffit" donc d'adopter l'attitude du statut auquel on veut accéder.

L'interprétation de signaux ne peut faire l'objet d'un "dictionnaire". La nuance, la situation, les protagonistes participant au sens de chaque signal.

Les oreilles couchées ne sont pas uniquement et forcément un signe négatif ou d'agressivité. Bien souvent, c'est une posture adoptée lorsque le cheval "s'écoute intérieurement". En tant qu'animal sensoriel et émotif, il se tourne volontiers vers lui même pour "écouter" ses propres sensations et "définir" ainsi son comportement.

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7) Dressage, apprentissage...
....le rôle essentiel de la notion d'espace

Les conditionnements pavloviens fixent les comportements : l'action est imprimée au titre de réflexe, c'est à dire, d'absence de réaction logique par association. Dans ces conditions, elle est impossible à nuancer ou à modifier. C'est donc anti équitation.

L'humain a un espace structuré. Il peut évoluer dans un espace tout en s'imaginant évoluer dans un autre. Le cheval rattache obligatoirement l'espace au mouvement. Il doit donc explorer pour définir son espace. Il ne peut concevoir en voyant mais uniquement en marchant dans cet espace, la conception spatiale étant de l'ordre du cerveau associatif.

Il a cinq rapports topologiques avec l'espace : la proximité ; la continuité : il suit les limites du parc ; la séparation : s'il y a un trou dans la clôture, il l'explore ; l'enveloppement : il définit son espace personnel ; l'association .

Dans le dressage (le couloir des aides), on peut aisément retrouver ces notions. La volte correspond à l'enveloppement ; repartir droit correspond à la séparation (il s'engouffre dans le trou) ; le franchissement d'un obstacle qui correspond à la continuité matérialisée par le couloir des aides plus volontariste que la représentation de l'obstacle.

La cohérence de nos actes doit permettre de répondre oui à la question :
"
Ai-je agit comme un autre cheval aurait agit ?"


Dans la manipulation à pied, il faut se focaliser sur l'espace pas sur le cheval . Il faut considérer son propre espace personnel que nous appellerons "bulle" ainsi que celle du cheval et agir sur la fluctuation de notre bulle et son occupation de l'espace pour influencer et orienter les déplacements du cheval. Il faut modeler l'espace pour obtenir les déplacements souhaités. (fluctuation de la bulle = dérivé 3ème du mouvement. pour les matheux !)

C'est l'accélération de la modification de la bulle qui interagit sur le cheval. Le changement de main par aspiration est favorable à la disponibilité du cheval, car l'ouverture de l'espace équivaut à la cohérence de son fonctionnement (baisse du rythme cardiaque) alors que l'opposition, l'obstruction de l'espace équivaut à une rupture (augmentation du cardiaque).

Voir à la fin de l'article, la description de "l'expérience" à laquelle je me suis prêtée.

À contrario, un animal ne manifestant aucune attention aux mouvements et aux sollicitations d'un humain indique que cet humain ne possède pas de bulle (pas d'intérêt, statut d'objet inerte).

Fonctions Comportementales Finalisées (SAUVEGARDE, RELATIONS, SUBSITANCES, RECUPERATION, CHAMP DETENDU) sont des programmes d'actions (mastication, contacts sociaux, déplacements, repos, etc.). Les programmes non satisfaits entraînent des pathologies adaptatives ( Exemple : déficit de motricité entraîne ce qu'on appelle le "feu d'écurie" (saut de mouton, ruade, piaffer au sortir du box pour éliminer l'énergie accumulée par le confinement au box), tics,.)

Le cheval évolue donc sur plusieurs niveaux émotifs correspondant à des stades de stress ou de bien être.

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8) Communication avec le cheval

Les domaines d'expressions mis en ouvre par le cheval et à utiliser par l'humain:

Travail à pied = gestuelle + espace + interactions sociales

Travail monté = perception cénesthésiques (kinesthésie, vocalisation,etc.)

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9) Le débourrage

Objectif : supprimer les réactions de défense.


Que représente "monter sur son dos" pour un cheval ?


Première solution :

Bloquer la réaction (on pose la selle, on la fixe, on met le cheval en réaction jusqu'à ce qu'il "cède"= inhibition conditionnée, inhibition afférente (pathologie car suppression d'un programme (fonction comportementale finalisée). On reste dans "le haut du tableau de tension". Tant que l'on se focalise sur la suppression de la réaction, on ampute les programmes comportementaux. Ceci entraîne un syndrome de Klüver-Bucy (équivalent chimique d'une lobotomie partielle du lobe temporal - voir ci-dessus"Qu'est-ce que le stress ?")

Deuxième solution :

Supprimer la sensation (habituation, augmentation progressif du seuil de tolérance) par répétition d'un stimulus bas non déclencheur de réaction. L'augmentation progressive du stimulus, toujours sous le seuil de la réactivité entraîne une augmentation de la tolérance.

L'habituation correspond à un évanouissement de la réponse (15 jours consécutif au moins avec un stimulus quotidien dans la durée importe peu)

C'est le principe de la leçon de jambe !

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10) ... en Équitation

L'impulsion : la formation réticulée (zone cérébrale) reçoit un stimulus d'alerte. Le nerf réticulo-spinal vient déverrouiller le nerf moteur. Le principe est l'introduction d'une incohérence que le cheval, par sa motivation d'être en zone la plus basse en tension possible, va rétablir par une cohérence. Exemple : au pas, on prend l'attitude du galop, le cheval se met au galop pour retrouver un état de cohérence. Donc, il y a un abaissement de la tension nerveuse qui entraîne une activation du circuit de la récompense. Il y a donc sensation de plaisir. Tout ceci est mis en mémoire pour la constitution d'un nouveau "programme moteur".

Inversion motivant/motivé

Exemple : spontanément le cheval a envie de galop. Donc, il adopte la position du galop et il galope.

En équitation, on inverse les deux premières phases : la position du galop (par les aides) place le cheval dans l'envie de galop. Donc, il galope.

Des travaux très récents (2 à 3 ans en terme de publication) ont mis en lumière l'existence de neurones "bipolaires", à la fois sensoriel et moteur, à l'origine de ce mécanisme d'imitation instantanée.

L' isopraxie (ou homologie gestuelle ) est la communication directe entre individus ou entre individus d'espèces différentes. En terme d'équitation l'isopraxie s'apparente à la synchronisation gestuelle du cheval et du cavalier pour aboutir à l'harmonie du mouvement (homologie d'orientation et de dynamisme hanches du cavalier / hanches du cheval - épaules du cavalier / épaules du cheval, etc.). La communication tactile est le "pont" le plus favorable à l'isopraxie homme / cheval : la gestualité cavalier entraîne gestualité la cheval. L'isopraxie réciproque : la gestualité du cheval entraîne la gestualité du cavalier.

Espace Dynamique Virtuel : "la bulle"

Il s'agit d'un espace personnel correspondant, entre autres, au "rayonnement" de sa propre volonté exprimée par l'attitude. Le cheval, dans son appréhension de l'environnement, s'entoure de cette zone virtuelle. Il attribue cette zone à tout autre individu. Le contact nécessite l'entrée dans cet espace, à l'inverse l'extension de cet espace, par une attitude adéquate, exclut le contact, éloigne l'autre..

Petit schéma, très schématique !!!

En gris cerclé de rouge : une personne (vue du dessus !), la flèche correspond au sens du regard. Le cercle bleu matérialise la bulle.


Lorsque le bras est tendu ou tient une chambrière par exemple, le périmètre de la bulle englobe ce nouvel élément ; la bulle fluctue en fonction de la tonicité de l'individu, de ses mouvements, des objets tenus, etc.


C'est en utilisant les fluctuations de notre "bulle" que nous pouvons interagir sur lui (à pied) avec la certitude de ne provoquer aucun stress. Il faut adopter un comportement égocentrique (agir pour soi), effectuer un modelage des espaces (espaces libres/espaces occupés) pour obtenir des déplacements, des accélérations, des changements de direction sans jamais faire monter la tension.

Lorsque nous passons en communication directe, c'est-à-dire que nous visons le cheval et non l'espace que nous souhaitons occuper, nous entrons alors sur le terrain de la tension en adoptant un comportement de type prédateur (focalisation sur un objectif vivant).


L'Experience...


Pour plus de clarté, je vais vous expliquer la mise en application pratique que j'ai faite, grâce à l'expérience à laquelle je me suis prêtée, après avoir observé M.BARREY et une autre personne volontaire sur cette même experience. Mon langage sera "imagé". Pas très scientifique donc... Je mets toutes les facilités d'expression entre guillemets ! Mais vous devriez y retrouver la plupart des principes précédemment évoqués.

Dans un manège de taille classique, il a été délimité une zone rectangulaire occupant un tiers de la surface totale. (la largeur du manège correspond donc à la longueur de cette zone et la largeur de la zone au tiers de la longueur du manège)

Un cheval hongre y est introduit en liberté. Il sort du box. Nous sommes une vingtaine de personnes alignées le long de la barrière, à l'extérieur du périmètre. Le cheval "semble intrigué". Il effectue des allers et retours en longeant cette barrière à distance, tête haute, ponctués d'arrêt pendant lesquels il nous fixe.

M.Barrey nous rappelle la connexion naso-nasal naturellement effectuée par les chevaux entre eux pour prendre contact. Le cheval nous assimile à "l'homme valant cheval", donc dressé sur nos "postérieurs". Il nous faut donc neutraliser l'appréhension possible par le cheval de "l'agitation de nos antérieurs", en plaçant nos bras dans notre dos ou plaqués le long de notre buste ( je rappelle que nous parlons d'un premier contact avec un cheval inconnu, il va de soi que la relation se développant un cheval familier, ce dernier admet nos mouvements de bras comme dénués de leur potentiel d'agressivité ). Bien entendu, nous sommes en présence d'un cheval de club, aguerri à l'homme, mais nous sommes juste ici pour contrôler la cohérence de ce que M.BARREY a précédemment exposé.

Il entre donc dans le périmètre, mains dans le dos, regard plutôt descendant. Il s'approche en ligne directe face au cheval en effectuant simultanément une légère oscillation du haut du buste de droite à gauche (rite d'apaisement transformé en signal), sans précipitation et s'arrête à un mètre environ. Il mime la demande de contact en se penchant en avant et en tendant son visage vers les naseaux du cheval sans trop s'en approcher. Il sollicite le contact sans le prendre. C'est au cheval d'accepter ou non.

Le cheval n'était initialement pas orienté vers lui et lui "prêtait peu d'attention" tant qu'il nous parlait. Il s'est retourné et l'a fixé dès lors que M.BARREY s'est dirigé vers lui en adoptant le rituel. Après un court temps "d'indifférence", le cheval abaisse à son tour tête et encolure et se tend vers M.BARREY sans le toucher. M.BARREY approche son visage plus près, le cheval fait de même et l'on voit qu'il le sent. La prise de contact est assez longue. Ils se séparent. Le cheval tourne la tête et "semble ne plus s'intéresser".

M.BARREY nous parle et s'avance vers nous. Très vite le cheval le rejoint, sent ses vêtements, sa tête, le lèche !

M.BARREY prend en main la chambrière et se dirige au centre du périmètre. Il occupe ouvertement le centre, emplissant ainsi cet espace avec "sa bulle", il augmente cette occupation par sa tonicité, incitant ainsi le cheval à se mouvoir. Le cheval se met à courir tout autour, il "jette son feu" assez longuement : ruades, accélérations. M.BARREY ne le sollicite nullement et n'intervient pas. A aucun moment il ne bouge du centre. Il attend que le cheval ait libérer toutes les tensions accumulées par l'inactivité au box. A aucun moment le cheval ne se rapproche de lui ou le menace. ( Je remarque pourtant dans le public des réactions à chaque fois que le cheval rue, beaucoup y voient des menaces dirigées vers M.BARREY. Il me paraît cependant évident que le cheval ne peut logiquement faire autrement que d'orienter ses postérieurs vers l'intérieure de la piste et en majorité lorsque la courbe de sa trajectoire est faible, la vitesse de déplacement -galop énergique et rapide- lui imposant, pour conserver son équilibre, de garder sa masse vers l'intérieur -penché comme une moto dans un virage-. Un tel mouvement de ruade vers l'extérieur serait donc incohérent, opposé à la force d'inertie, à l'incurvation naturel et donc provoquerait un déséquilibre.. Commentaire perso : encore une fois, l'apparence prime sur la logique et la réflexion ! ). Lorsque le cheval s'apaise, M.BARREY se déplace à son tour de façon très précise : sur une diagonale unique et courte, sans jamais se diriger sur le cheval mais en se synchronisant précisément pour que son arrivée en bout de diagonale intervienne après le passage du cheval sur la piste.


Avec un peu d'imagination, ci dessus une carrière...

En marron : le cheval ; en pointillé noir : sa trajectoire (sur la piste). La double flèche rouge indique la diagonale utilisée et sa longueur maximale. En pointillé rouge, "la ligne de synchronisation" nécessaire avec l'espace derrière le cheval. Le point rouge représente le personne qui agit ; la zone bleue, sa bulle (ou occupation de l'espace par l'homme. Donc, tout le reste est une zone libre. On peut voir clairement la logique de déplacement offerte au cheval devant lui).

"Le cheval en pointillé" pour visualiser le prochain passage.

La diagonale utilisée est toujours celle qui correspond à
l'entrée du cheval sur le petit côté.

En s'avançant vers l'angle, on occupe l'espace derrière le cheval et on libère l'espace devant lui : on l'incite donc à avancer.

Si l'on imagine la suite : la personne en bout de course de sa diagonale va effectuer un demi tour en pivotant de gauche à droite. la zone "bulle" va donc pivoter également, cette action se déroulant simultanément à l'avancée du cheval sur le petit côté car bulle va "agir" par sa pointe en "poussant" le cheval tout le long du petit côté et sur l'entrée dans la longueur.

En résumé, par ce simple demi-tour correctement synchronisé avec la trajectoire du cheval, on peut le maintenir dans sa cadence et sa direction sans effectuer un seul pas !!!! On ne reprendra son déplacement sur la diagonale vers le point opposé qu'après le passage du cheval sur la ligne de synchronisation en pointillé vert.


Le cheval adopte immédiatement la piste et règle son allure en fonction de la vitesse de déplacement de M.BARREY. Ainsi en accélérant sur la diagonale, M.BARREY incite le cheval à accélérer également.

M.BARREY nous explique que son action pourrait s'apparenter à celle d'un cheval de rang supérieur qui voudrait occuper telle place (extrémité de diagonale) puis telle autre (autre extrémité de la diagonale), et ainsi de suite. Le cheval de rang inférieur laissant toujours sa place à celui qui le domine, il est donc inutile d'agir directement sur l'arrière main du cheval mais sur l'espace derrière lui ou devant, en le libérant ou l'occupant.

En effectuant un brusque changement de déplacement sur la ligne centrale , mais partant à l'opposé du cheval, il provoque ce qu'il appelle une aspiration, libérant un grand espace devant le cheval qui instantanément s'y engouffre. M.Barrey effectue une volte et se rabat vers l'intérieur, inversant la libération de l'espace, le cheval effectue une demi volte dans le « sillage » de M.Barrey. Ce dernier « s'installe » sur l'autre diagonale, le cheval reprend la piste, il a changé de main sans accélération, avec fluidité. Il reprend son allure, au rythme du déplacement de M.Barrey sur la diagonale. ( Bon c'est pas évident à décrire comme exercice. M ais vraiment efficace, promis ! ).

L'arrêt de l'exercice et le retour vers nous de « notre prof » provoque l'extinction du mouvemnt du cheval, qui le rejoint bientôt et entame une séance de toilettage ! (contacts sociaux). Une spectateur n'a pas vu la différence entre cette façon de procéder et la façon habituelle qui consiste à suivre plus ou moins l'arrière main du cheval en « poussant » avec la chambrière. Il s'agit d'un moniteur. Commentaire perso : SIC !

 Une première personne se prête à l'expérience et tente de faire ce que M.Barrey vient de nous montrer. Cela semble soudain bien délicat. La personne instinctivement à tendance à quitter la ligne diagonale centrale pour suivre le cheval, elle a du mal à s'empêcher de regarder constamment dans sa direction et d'agir vers lui avec la chambrière. Pas facile !

Je suis la deuxième à me porter volontaire. Je commence par la prise de contact naso-nasal : pas mal ! Contact long.léchouille ! : « on est copain ! ». Je m'équipe de la chambrière qui doit m'aider à « avoir une grande bulle ». Pas évident de « rayonner », le cheval « m'observe », et se déplace « avec hésitation » autour de moi (je n'effectue aucun geste).

J'attaque ma diagonale dès qu'il en a passé l'extrémité virtuelle. Il prend le trot mais, comme je ne suis pas assez rapide dans mes allers / retours et que je ne « rayonne » pas assez, il ne se place pas sur la piste. Il dessine plutôt un grand ovale autour de moi et n'est pas régulier entre les largeurs et les longueurs. M.Barrey me conseille. Je corrige mes défauts : je suis plus tonique, plus rapide, je me concentre sur ma ligne droite et les espaces que je suis sensée vouloir occuper. Le cheval est maintenant régulier et sur la piste. Il trotte bien. Je ne l'ai jamais en ligne de mire.

M.Barrey explique qu'il ne faut jamais viser le cheval mais l'espace juste derrière lui, comme si, cheval hiérarchiquement supérieur, je convoitais un belle touffe d'herbe à chaque bout de ma diagonale ! Il m'explique ensuite comment effectuer un changement de main par aspiration (le cheval change ainsi en faisant face et non par un demi-tour vers l'exterieur).

Je m'emploie à suivre ses instructions, mais je me trompe de côté après ma ligne droite, et le cheval qui avait suivi mon mouvement se retrouve « bloqué » par mon occupation incohérente de l'espace. Comme je me suis arrêtée de marcher, perdue dans mes trajectoires, il s'est arrêté à son tour. Je me retourne vers lui, il me regarde. je m'excuse. tout le monde rigole ! (remarque perso : je suis ridicule !).

Je me rends compte à quel point la synchronisation et l'anticipation sont primordiales car dans mon dos, le cheval effectue ses déplacements en suivant parfaitement les ouvertures d'espace que je lui offre. C'est terriblement déstabilisant pour moi de le diriger sur des trajectoires aussi précises, distantes, à bonne allure et sans le voir.

« Nous reprenons notre exercice » : lui sur la piste, moi sur ma diagonale avec mes touffes d'herbe virtuelles ! Pour ça je suis ok. Deuxième tentative de changement de main par aspiration : réussie ! Je suis sur l'autre diagonale. l'euphorie me fait un peu anticiper mon arrivée sur ma salade virtuelle, je suis passée un instant « dans le camp des prédateurs » et le cheval a précipité sa foulée.je corrige. Tout rentre dans l'ordre. Je tente un nouveau changement : je cafouille mais l'aspiration est ok. Le cheval rejoint bien la piste à l'autre main mais je suis désynchronisée sur ma diagonale : je suis à contre temps. J'arrive trop tôt au bout et j'occupe l'espace devant lui ! Je recule, j'hésite, je en sais plus : il rechange de main ! Je n'arrive plus à remettre le bon timing entre nous. Le cheval me regarde, sa cadence est rompue. « Il est très hésitant » sur les directions que je libère ou occupe. Je m'arrête encore une fois, toute désorientée. Il s'arrête aussi en effectuant quelques pas vers moi !.Je m'excuse à nouveau !.( Remarque perso : je suis ridicule à nouveau aussi !!! ) Fin du test.

Cette approche demande beaucoup de précision et d'anticipation. Mais effectivement, le cheval vient spontanément se placer dans les espaces ouverts, où qu'ils soient libérés. Le cheval s'y « installe ». Et il n'a effectivement de cette façon aucune « pression directe ».

La démonstration suivante s'effectuera avec un cheval en longe. Deux personnes s'y prêteront tour à tour, après M.Barrey. L'une des personnes est un élève ingénieur peu habitué aux chevaux et encore moins à l'équitation. Il effectuera des changements de main en longe et des arrêts réussis uniquement en modifiant sa position par rapport à l'axe centrale du cercle. (En gris l'axe centrale, en rouge le longeur, la flèche indique l'orientation du corps ET du regard, la ligne noire matérialise la longe, la ligne bleue : la chambrière)

On retrouve dans ce principe, celui implicite qui est normalement enseigné mais poussé ici à l'extrême : « rester derrière les épaules du cheval ». C'est à dire que le longeur est nettement placé derrière le cheval pour la marche avant, puis le longeur passe très rapidement devant ( croisant la chambrière pour la placer dans son prolongement ) pour obtenir l'arrêt.

Au sujet de la chambrière, M.Barrey explique que si elle correspond au prolongement du bras, il suffit de la positionner pour qu'elle soit efficace. Il précise que le claquement de chambrière ne doit s'apparenter qu'à la morsure du dominé par le dominant, lorsque ce dernier veut se faire respecter face à une « désobéissance » (équivalent à un fort pincement, pratique que les chevaux exercent les uns sur les autres). En ce cas, son utilisation doit être extrêmement rare et surtout ne jamais manquer la cible. Le claquement de proximité ne sert pas à grand chose en dehors de faire éventuellement monter la tension ou de passer pour un « dominant maladroit » ! Il faut donc toucher le cheval et c'est pour cela que ce claquement doit être utilisé à bon escient pour conserver son efficacité.