Introduction :
Cet article nous parvient
du Québec et nous est proposé par Christiane. Je remercie
très sincèrement Christiane pour le travail qu'elle a
effectué. Le titre de l'article est "L'équitation
américaine." Mais, il faut savoir que cette appellation
n'est pas exacte même si c'est celle qui est couramment utilisée
en France. Ce serait être trop restrictif et faire peu de cas
de l'équitation des gauchos d'Amérique du sud, de l'équitation
mexicaine, de celle des pasos et de celle développée avec
les Tennessee Walkers pour ne citer que celles-ci... Donc, le titre
exact aurait dû être "L'équitation western."
Il ne faut pas y voir un quelconque sous-entendu péjoratif, mais
l'expression de la réalité d'une forme d'équitation
parfaitement codifiée et qui se différencie par sa forme
et par les chevaux qu'elle utilise des nombreuses autres formes d'équitation
pratiquées sur le continent américain qu'il soit du Nord
ou du Sud. "L'équitation western, tout comme le mode
de vie western ou vestimentaire, est une réalité à
part entière" (cf. Chistiane in "le dernier mail
que j'ai reçu...") |
Qui n'a pas rêvé, un jour, de chevaucher, cheveux au
vent, à travers d'immenses plaines, en éprouvant un sentiment
éperdu de liberté? Liberté de galoper, de ne faire
qu'un avec ce corps souple se mouvant en cadence et dont le bruit des
sabots fait lever quelque coq de prairie ou détaler une antilope
surprise dans une coulée d'herbe verte
Les films western ont contribué pour une grande part à
influencer notre imaginaire. Le genre est tombé en désuétude,
mais l'image du cow-boy et de son cheval est tenace et continue de nous
fasciner. Quel rapport pouvait-il y bien y avoir entre le cow-boy et
l'équitation? À priori, pas grand chose, du moins pour
nous, habitués depuis des siècles à une équitation
de tradition classique et codifiée. Pourtant, si l'on y regarde
de plus près, l'équitation western n'est pas une simple
apparence de monter à cheval. Elle est le produit d'une évolution
qui n'a que très peu subi d'effet de mode comme ce fut le cas
en Angleterre et sur le continent européen. Elle est issue du
travail des cow-boys avec le bétail ou durant leurs moments de
détente.
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1) Un rappel historique
Les chevaux, qui n'existaient pas sur le continent
américain, ont été introduits par les Espagnols
venus conquérir de nouveaux territoires, à la fin du XVe
siècle et surtout pendant le XVIe siècle. Aux différentes
lignées importées vinrent s'ajouter les élevages
des colons dont bon nombre de sujets s'échappèrent et
se reproduisirent en liberté. Ces bêtes s'adaptèrent
à leur nouvel environnement et permirent aux indiens de passer
de l'état de peuple sédentaire à celui de cavaliers
nomades. Ce sont ces souches qui sont à l'origine des races américaines
actuelles : le Quarter-Horse, le Paint-Horse, l'Appaloosa, pour ne citer
que les principales d'Amérique du Nord. Aujourd'hui, la sélection
et la reproduction de lignées adaptées aux différentes
disciplines équestres western font l'objet d'attentions et de
soins particuliers.

Plaisance western
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Quant à l'équitation western, elle aussi tire ses origines
des Espagnols qui apportèrent leurs connaissances et leur art
équestre au moment de la colonisation. Tout comme l'équipement
qu'ils utilisaient : des selles profondes à grand pommeau, des
mors à longues branches, des éperons sévères
et des cuirs travaillés. La selle devait être progressivement
modifiée pour convenir à n'importe quel cheval, élargie
pour répartir le poids du cavalier, rembourrée pour éviter
au cheval de subir des compressions douloureuses et lui permettre de
supporter ainsi de longs parcours, munie, entre autres équipements,
d'une corne au pommeau pour attraper les bouvillons au lasso. Enfin,
la tenue vestimentaire du cavalier western tient aussi son origine de
la nécessité de se protéger la tête des intempéries
par un chapeau à larges bords, des chaps pour se prémunir
des buissons épineux et des bottes à talon pour assurer
le pied dans l'étrier.
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2) L'équitation western
Cette équitation est née du travail
des cow-boys durant les longs déplacements de troupeaux dans
l'Ouest américain et durant les périodes de travail et
de repos au ranch. Ces tâches difficiles, que ce soit le rassemblement
ou la conduite des bêtes à travers d'immenses territoires,
les soins à leur apporter, le marquage des veaux, la capture
de chevaux sauvages, etc., exigeaient une collaboration étroite
de la part de leurs montures qui devaient faire preuve d'endurance et
obéir aux moindres commandements. De ce travail et des jeux qui
animaient les moments de repos des cow-boys, différentes disciplines
ont vu le jour et se sont perpétuées, comme traditions,
lors des fêtes de rassemblement et des rodéos. Des associations
furent créées, et des règles codifièrent
les épreuves équestres. De nos jours, cette équitation,
héritage de l'Ouest américain, est considérée
comme une équitation à part entière et pratiquée
dans le monde entier. Ses bases sont les mêmes que celles de l'équitation
classique.
Toutefois, ce qui la caractérise, c'est d'une part, des chevaux
de type athlétique, de tempérament froid, intelligents,
obéissants, de petite taille et, d'autre part, des allures lentes
(mais rapides sur demande), plus rasantes, autrement dit des allures
économiques, qui permettent au cheval et au cavalier d'évoluer
avec confort et efficacité, et enfin un cavalier fixe et droit
en toute circonstance. Le contact avec la bouche du cheval est plus
léger, et les rênes tenues presque longues donnent plus
de liberté de tête et d'encolure. Les rênes tenues
à une main permettaient au cow-boy d'avoir une main libre pour
tenir son lasso, et ce dernier utilisait le poids des rênes et
son assiette pour mener le cheval. Dans ce contexte, c'était
au cheval de s'équilibrer et de se contrôler sans créer
de problème.
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Obstacle western
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Pour un adepte de l'équitation western, " la monture
idéale est un cheval qui peut s'élancer, tourner, s'arrêter,
se rassembler et se porter en avant en une fraction de seconde. Si le
dresseur est habile et qu'il a réussi son dressage, son cheval
se rassemble bien, sa nuque est flexible, son corps est souple et mobile
latéralement. Il répond très bien aux jambes et
est toujours prêt à bondir ou à s'arrêter
tout aussi promptement à la moindre indication de son cavalier
". (Sidney Felton cité par Sylvia Loch dans l'Histoire de
l'équitation classique de l'antiquité à nos jours,
Maloine, Paris, 1994). Ceci ne devrait-il pas également être
l'objectif premier de tout cavalier d'équitation classique, qu'elle
soit de dressage ou d'obstacle ?
Ainsi, aujourd'hui, l'équitation western
est sortie des ranches et elle exerce un attrait considérable
sur tous les cavaliers de tous les milieux sociaux.
3) La pratique de
l'équitation western

Rodéo (Photo Dan Hubbell)
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C'est souvent par la randonnée ou un spectacle de rodéo
que le premier contact s'établit. Mais cette équitation
est riche d'une multitude de disciplines équestres qui requièrent
autant des chevaux que des cavaliers en précision, obéissance
et habileté. Il faut rappeler que la qualité des chevaux
sélectionnés et leur niveau de dressage sont des critères
indispensables pour obtenir de bons résultats dans les diverses
disciplines de compétition.
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L'équitation western comprend différentes catégories
de prestations. On y retrouve les épreuves de " plaisance
western ", où le cavalier évolue aux trois allures
ralenties, jugées sur la qualité des mouvements et un
cheval se déplaçant calmement avec des rênes détendues
ainsi que des disciplines connexes telles l'épreuve d' "obstacles
western", conduite à une main pour franchir un parcours
d'obstacles comme on peut en rencontrer en randonnée, l' "équitation
western" où sont jugées la performance, la condition
et la conformation du cheval aux trois allures, rênes au contact
léger, "l'obéissance aux commandements" où
toutes sortes de manuvres sont demandées, et d'autres encore,
sans oublier la "présentation au licou ou licol". Dans
toutes ces circonstances, le cheval doit se déplacer avec calme,
aisance, légèreté et disponibilité. De plus,
l'élégance vestimentaire des cavalières et des
cavaliers est à souligner.
Le "reining" est la discipline représentative
par excellence de l'équitation américaine. La performance,
c'est le contrôle du cheval par le cavalier dans chacun de ses
mouvements sans résistance apparente de la part du cheval de
sa monture, où chaque mouvement que le cheval fait de lui-même
est considéré comme un manque de contrôle. Un parcours
type de reining comprend du pas, du galop rapide, du galop lent, des
vrilles (pivot sur un postérieur), des changements de pied entre
deux cercles contraires au galop, des arrêts en glissade, des
voltes-face (après un arrêt glissé pour repartir
dans le sens inverse), des arrêts, et le reculer à la fin,
selon le parcours. Cette discipline, qui est une équitation à
la fois de légèreté et de fermeté, est tellement
spectaculaire qu'elle rallie de nombreux adeptes à travers le
monde. D'ailleurs, par le dressage qu'il implique, le reining sera présenté
aux Jeux Équestres Mondiaux de Jerez en Espagne en 2002.
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Reining (Arrêt glissé ou sliding stop)
Photo Caroline Fyffe
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Les épreuves de gymkhana, celles de travail avec le bétail
et le rodéo élargissent la gamme des disciplines de l'équitation
western. Les unes tiennent du jeu d'adresse et de rapidité des
chevaux, les autres trouvent leur origine dans le travail au ranch et
au cours des rassemblements de troupeaux, et le lasso y tient une large
place. Le rodéo, quant à lui, s'il présente plusieurs
types d'épreuve avec des bêtes, se singularise avec la
monte des chevaux sauvages sellés ou non sellés et la
monte des taureaux sauvages, mais ces épreuves restent davantage
liées aux traditions de l'Ouest américain et ne sont pas
ou peu exportables comme disciplines de compétition.

Plaisance western (Photo Mark Walpin)
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Ainsi, l'équitation western, pratiquée simplement pour
le plaisir ou sous forme de compétition, révèle
à quel point le cheval est un partenaire pour son cavalier. C'est
dans le travail du cow-boy, quand le cheval devait souvent prendre seul
la bonne décision face au comportement du bétail, qu'est
née la nécessité de ne pas contraindre le cheval,
mais plutôt de rechercher sa coopération.
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Si les méthodes de dressage des chevaux sauvages
sont encore teintées de ce qu'elles étaient au XIXe siècle,
le débourrage des poulains et l'entraînement des jeunes
chevaux a évolué et se fait avec plus de raison et surtout
plus de compassion. Le cheval de loisir et de compétition est
considéré aujourd'hui comme un athlète et traité
comme tel. Aussi, les plus grands soins sont apportés à
la sélection des lignées et à l'élevage
pour en améliorer les qualités. Conjointement, des "hommes
et des femmes de cheval" ont apporté leur contribution et
leur expérience basées sur l'observation du comportement
de l'animal dans son milieu naturel pour apporter de nouvelles tendances
dans le débourrage et le dressage de ce noble animal, ce qu'il
est convenu d'appeler aujourd'hui une équitation naturelle. On
a surtout raisonné et humanisé des façons de faire,
pour le plus grand bien du cheval qui a de tous temps été
l'auxiliaire des hommes pour le travail, les déplacements et
les loisirs. L'équitation western est passée de l'état
de travail - qui est encore très actuel dans les ranches aux
États-Unis - à celui de loisir et d'une passion du cheval
dans sa représentation traditionnelle de l'Ouest américain.
Les photos qui illustrent cet article proviennent
des revues "Horse & Rider",
"American Cowboy" et "Western Horseman".
Certaines d'entre elles n'ont pas été signées par
leur auteur, ce qui explique l'absence du nom du photographe. Qu'il
nous en excuse ! |
Sélectionnez les photos ci-dessous pour les agrandir.
Compte tenu de la taille des images agrandies, cela peut prendre un peu de temps
à télécharger, en fonction de la qualité de votre connexion. |
Plaisance Western |
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Course de barils
Photo Kenneth Springer
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Photos de Rodéo (Photo Dan Hubbell) |
Le spin ou Vrille
photo Cappy Jackson
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arrêt glissé
Photos Norm E.Clasen
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Plaisance Western
Photo Kathy Kadash
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Photos de Reining |

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