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"Cravache, chambrière, éperons... "


Cravache , chambrière, éperons ! Voici des instruments qui, pour beaucoup de cavaliers, sont considérés comme des instruments répressifs contre le cheval. Bien au contraire ! Cravache, chambrière et éperons doivent avant tout être considérés comme des instruments pédagogiques qui vont nous aider à éduquer le cheval dès le début de ses apprentissages.

Cet article a pour objectif de vous expliquer comment éduquer le cheval à ne plus avoir peur de ces instruments, et pour qu'il les respecte. Nous appellerons cette action, c'est à dire habituer le cheval à ces aides artificielles que sont la cravache, la chambrière et les éperons, la "désensibilisation" du cheval.

1) La cravache ou le stick :

La cravache sera surtout utilisée pour le saut ; le stick, appelé également badine, sera très utile pour le travail du cheval en général et pour le dressage particulier. La cravache est plus courte environ 50 cm, plus rigide, avec une large "tapette" à son extrémité inférieure. le stick sera beaucoup plus long et plus fin. Les miens mesurent 1 m 25, hors mèche. La "tapette" présente sur la cravache traditionnelle est remplacée par une mèche sur le stick. Ce dernier doit être souple. Attention malgré tout à ce qu'il ne soit pas trop souple comme beaucoup de sticks ordinaires du commerce. Il doit garder une certaine rigidité dans sa souplesse. Attention également à ce qu'il ne soit pas trop lourd.

La vidéo ci-dessous vous montre comment désensibiliser un cheval (Lucero) au stick. Cette désensibilisation doit se faire dès le début du débourrage. Il doit être évidemment progressif, en fonction des réactions du cheval. Il faut tenir le cheval par une longe courte attachée à l'anneau du caveçon, ce qui est préférable avec un jeune cheval, ou par la rêne du côté où l'on agit. Il ne faut surtout pas cramponner au cheval. Si celui-ci bouge, il faut l'accompagner délicatement, en le calmant par la parole, en le rassurant en lui donnant des friandises.

 

Sur les deux vidéo présentes sur cette page, Lucero a déjà été désensibilisé. Vous voyez que le stick, comme la chambrière, peut siffler, claquer très près de lui. Vous constaterez également que je le tappote sans aucun problème sur la croupe avec le stick. Ce n'est pas pour autant que, pendant le travail, le cheval ne respectera pas l'action du stick ou de la chambrière.

 

2) La chambrière :

Dès ses premiers tours de longe, le jeune cheval apprend à découvrir cet instrument, objet indispensable pour le travail à la longe, mais qui pourra aussi être très utile dans certaines phases du travail à pied.

Il faut donc amener le cheval à ne plus avoir peur de la chambrière. Qu'il la comprenne, mais qu'il ne la craigne pas !

Je vous conseille de choisir une chambrière avec une mèche en cuir. Peu de chambrières du commerce sont suffisamment longues pour pouvoir toucher le cheval que vous longez. Pour remédier à ce problème, j'achète une mèche en cuir et la coupe en deux. L'un des deux bouts obtenus me permet ainsi de rallonger la mèche de ma chambrière.

La vidéo ci-dessous vous montre comment désensibiliser un cheval à la chambrière. Bien-sûr, les précautions d'usage avec la désensibilisation au stick se retrouvent ici. Lucéro, je vous le rappelle, est déjà désensibilisé.

 

3) la mise à l'éperon :

Pour ce paragraphe, je me contenterai de reprendre ce qu'a écrit K sur le forum, dans le sujet portant ce titre :

"L'emploi généralement admis de l'utilisation de l'éperon est qu'il génère l'impulsion, provoque le mouvement en avant, ce qui est, de toute évidence, son rôle. Pour autant, l'éperon n'est pas l'expression renforcée de la jambe, je dirais même qu'il en est l'expression affinée. L'éperon a un rôle impulsif, mais également un rôle décontractant, et c'est tout l'art du cavalier que de "mettre son cheval à l'éperon", c'est à dire de lui faire connaître les deux rôles de l'éperon. La pression de la jambe, le pincer de l'éperon relève de l'effet décontractant. Par opposition, "l'attaque", application sporadique de l'éperon qui va du subtil effleurement jusqu'au piquer vif, relève de l'effet impulsif.


Eperons avec bouclettes de fixation,
découvert sur le site médiéval de Colletière

En conséquence, est "mis à l'éperon" tout cheval qui reconnaît l'effet décontractant et l'effet impulsif.

Ainsi est rendu possible l'arrêt sur l'éperon ; ainsi est rendu possible la décontraction de l'ensemble qui améliore les allures rassemblées. Sans l'effet décontractant de l'éperon, on perd quasiment la possibilité de passer à l'équitation supérieure.

Mais comment éduquer le cheval ?

Pour ma part, je laisse de côté la savante (et complexe) méthode de Raabe, plus expert en l'occurrence que son maître Baucher.

Je me contente, mais c'est déjà beaucoup, de placer à la sangle le pincer (la pression permanente et progressive) de l'éperon pour atteindre la décontraction, et procéder aux attaques derrière la sangle (je rappelle que le mot "attaque" n'implique aucune violence dans sa manifestation normale).


Éperons mexicains

La limite du pincer, c'est le cheval qui, spasmodiquement, lâche son mors ; la limite des attaques, c'est la diligence du cheval.

Ne jamais dépasser ces limites là.

Dans le pincer, j'oppose la main qui résiste (qui résiste, mais qui n'agit pas ; nous sommes donc là dans le "main sans jambes, jambes sans main" !!! ) ; dans les attaques, en revanche, ma main est muette.

Progressivement, le cheval apprend à se grandir sous le pincer sans modifier son déplacement linéaire, et apprend à fuir en avant sous l'attaque.

Il connaît alors l'éperon.

D'où l'impérieuse attention qu'il faut porter à l'emploi de la jambe ! Car agir des deux jambes en même temps tue cette mise à l'éperon, si on ne veille pas à ne solliciter qu'un seul postérieur à la fois...

Ainsi, l'attaque de l'éperon (sollicitation du mouvement en avant) ne doit s'adresser qu'au postérieur qui effectue son retour en avant sous la masse, l'autre postérieur devant, lui, se désengager...


Eh non, ce ne sont pas des roulettes à pizza...
Mais, des éperons d'origine espagnole,
datant de la fin du 17e siècle, début du 18e,
ayant été utilisé par Prince Amadeo de l'Espagne...

Si on commet l'erreur d'appliquer une attaque sur les deux côtés en même temps, alors :

1) le cheval peut confondre l'effet impulsif recherché avec l'effet décontractant (application du pincer sur les deux flancs de façon simultanée et progressive)

2) le cheval est obligé d'ignorer la moitié des ordres reçus, soit du côté où le postérieur se désengage... Jolie leçon de désobéissance, en vérité.

La mise à l'éperon, puis l'utilisation raisonnée de la jambe, mènent à la légèreté."

Merci mon cher K pour ce texte...