Le cheval que je monte embarque
énormément à l'obstacle. Il les saute quand-même,
mais cela est très désagréable et nuit à son dressage. Que
puis-je faire?
C'est une question à laquelle il est difficile
de répondre car, vous me décrivez la conséquence
et vous ne me parlez pas de la cause. Il peut y avoir plusieurs
causes à ce problème.
La plus probable est que votre cheval a beaucoup d'énergie
et aime sauter.
Dans ce cas, il vous faudra reprendre le contrôle
de sa fougue. Mais, attention qu'il ne prenne pas cela pour une brimade.
Cela risque de vous faire entrer en conflit avec lui. Moi, j'essaierai
de le travailler d'abord sur le plat. Le travail de l'arrêt
à partir des trois allures me paraît être tout à
fait approprié. Il a deux avantages : il calme et il remet en
équilibre. Vous devez faire comprendre à votre cheval
que vous ne voulez pas le punir.

©Shapounette
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Alors, n'hésitez pas
à commencer par l'arrêt
du pas, à grand renfort de caresses et de sucres. Quand cela
est gagné, faites la même chose au trot, toujours avec
force récompenses... Je me souviens avoir fait ce travail avec
un aide à pied les poches bourrées de sucre et de carottes...
Ensuite, il vous reste à faire cela au galop, et devant et après
des obstacles. Mais, n'hésitez pas à revenir en arrière.
Fuyez la bagarre : ils sont tellement plus forts que nous... Marquez
des étapes intermédiaires : galop - trot - arrêt,
galop - pas - arrêt... Les règles d'or du bon cavalier
: contentez-vous de peu; récompensez beaucoup; ne soyez pas trop
pressé; ne brûlez pas les étapes; mettez-vous à
son niveau...
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De plus, je vous conseille d'éviter tout
enrênement (rênes allemandes...) et toute embouchure autre
que le filet simple et la bride pour un cheval qui a déjà
un niveau de dressage qui vous permet de l'utiliser. Soyez persuadé
qu'un progrès sans artifice est un progrès plus durable...

©Shapounette
Cet article a entraîné la réaction
de Déborah. Avec son accord, je l'incère ci-dessous :
"Bonjour, je viens de
lire votre page de conseils à ce sujet, ............. En effet,
outre le goût pour le saut il existe au moins deux autres causes
importantes pour un cheval qui charge.
La première est l'angoisse
du saut. Suite à une expérience traumatisante, ou en raison
de sa jeunesse, le cheval peut charger pour se débarrasser du
saut. Dans ce cas le travail doit se faire sur les barres, et non sur
le plat. Il est évident qu'il faut un cheval aux ordres pour
aller sauter, mais un cheval parfaitement calme sur le plat pourra devenir
intenable même par un excellent cavalier à la vue d'une
barre. Dans ce cas il faut redonner confiance au cheval. On peut commencer
par le faire sauter en liberté (surtout valable pour les jeunes
chevaux qui angoissent par manque de repères). Il faut l'habituer
à la présence de barres. cela peut être fait en
travaillant sur le plat dans une carrières ou des obstacles sont
montés, en le travaillant sur des barres au sol, isolés,
puis en série, voir en parcours, que ce soit à la longe
ou monté (ceci est donné à titre indicatif et peut
être modifié). Ensuite il faut obtenir du cheval la même
décontraction à l'obstacle que celle obtenue sur le plat
puis sur les barres au sol. Le cheval doit être calme, cadencé,
dans l'impulsion. On peut commencer ce travail au trot, en plaçant
à la fin d'une série de barres au sol un petit croisillon,
ou un petit vertical. Puis on passe au galop avec une barre de réglage.
Il faut faire toujours attention avec ce type de chevaux à ne
pas les piéger, même involontairement. Tout serait à
recommencer. Les exercices doivent être faits avec patience et
très progressivement. Le travail doit d'abord se faire sur de
petits obstacles pour laisser le cheval se mécaniser et prendre
confiance.
Pour ce qui de la seconde
cause fréquente, il s'agit du manque de musculature, que le cheval
compense par une prise d'élan. Dans ce cas il suffit de muscler
le cheval, en particulier son dos.
Enfin, je note que vous n'avez
indiqué aucun exercice à l'obstacle pour ce qui est du
problème du goût. En effet, bien plus qu'un problème
de vitesse, le fait de charger représente un réel danger
pour le cavalier et pour le cheval (du moins de mon point de vue). Pour
ma part (ayant rencontré ce problème) j'ai pris quelques
habitudes. Tout d'abord travailler fréquemment le cheval sur
les barres, principalement sur des barres au sol. On peut travailler
les raccourcissement et allongements au trot puis au galop sur des barres
en séries, puis pour le galop sur une ligne de 4 foulées
mini, où le but est de faire le nombre de foulées, puis
une de plus, une de moins...Ainsi on travaille l'élasticité
du dos du cheval. Cela le muscle, et permet ensuite en parcours de pouvoir
au mieux ajuster ses foulées. Cet exercice est praticable par
tous à partir d'un niveau G4/5. Cet exercice peut être
repris sur une ligne à 4 à 6 foulés, sur de petits
obstacles. Ensuite on cherche la même cadence sur des obstacles
isolés, puis en enchaînement avec de grandes courbes pour
rééquilibrer. Le travail peut utiliser d'autres dispositifs.
Ainsi on peut mettre une barre de réglage avant et après
l'obstacle(galop), ou encore sauter après une série de
barres au sol(trot ou galop). De même, on peut apprendre au cheval
ce que signifie charger. On le rentre dans un dispositif de 2 à
4 obstacles séparés par un nombre de foulées données
(pas plus de 4). On le fait une fois ou deux pour lui montrer, puis
on le laisse se débrouiller. Il est fort peu probable qu'il charge.
Voilà j'espère
que ces quelques réflexions trouveront une place sur votre page
de conseils."
Ma réaction fût la suivante : "Votre avis est tout
à fait intéressant. Il est vrai que la question était
plus longue que le raccourci que j'ai mis et tout portait à penser
que le problème était un problème d'énergie
et de plaisir du cheval. Je dis d'ailleurs : "La plus probable
est que votre cheval a beaucoup d'énergie et aime sauter.".
Mais, vous avez raison, il y a d'autres raisons dont la crainte. J'assimilerais
le problème de musculation à la crainte... Quoi que...
Je veux dire : un cheval manquant de dos est obligé de faire
un effort qui risque de lui faire mal physiquement. Donc, dans ce cas,
un travail de musculation est nécessaire. "
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 ©Shapounette
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Déborah m'a répondu
: "Pour ce qui est de l'angoisse,
le problème peut bien entendu venir d'une musculation insuffisante
qui limite le cheval et l'oblige à forcer. Mais il existe aussi
tous les problèmes liés soit à un mauvais apprentissage
(trop vite par exemple) soit à une erreur de pilotage qu'a subi
le cheval et qui a pu se solder par une expérience traumatisante.
C'est pourquoi, outre la musculation et l'assouplissement sur le plat
qui est pour moi à la base de tout travail à l'obstacle,
il est nécessaire lors du retour sur les barres de remettre le
cheval en confiance, et surtout de veiller à ne pas le piéger,
même involontairement. Ce sont souvent des chevaux dont on dit
qu'ils sont délicats car il ne supportent pas la moindre erreur
de pilotage. Ils n'ont eux même plus assez d'assurance pour se
débrouiller seule.
Mais, de manière générale,
différents facteurs sont généralement combinés.
Ainsi, pour un exemple qui me touche, lorsque j'ai eu ma jument il y
a deux ans, celle ci chargeait à fond les obstacles. Dans son
cas se combinaient tous les facteurs: elle angoissait le saut (elle
avait été battue à la cravche), elle manquait de
musculation (pas de travail sur le plat pendant 5 ans, mais des mors
durs et des enrênements pour la maîtriser) et pourtant elle
adorait sauter. Il m'a fallu 18 mois pour l'avoir parfaitement aux ordres,
et en place. Cela d'ailleurs été peut être un peu
plus long, car voulant faire tout le travail seule, j'ai refusé
que mes instructeurs la monte et la travaille. De plus il s'agissait
de mon premier cheval.
Aujourd'hui je pratique en
alternant ces différents exercices, ainsi que d'autres, pour
obtenir une jument aux ordres, souple, avec une foulée très
élastique (c'est dur, elle a un dos long). Je fais beaucoup de
plat, des barres au sol une à deux fois par semaine, des balades,
trotting et séances de plat en extérieur pour l'aérer
(parce qu'en plus elle n'aime pas le travail en carrière, du
moins sur le plat)
Voilà.
Si vous trouver que ma remarque
est assez claire, vous pouvez tout à fait la publier si vous
le soughaitez, ou la reformuler pour qu'elle soit plus lisible.
En vous félicitant pour votre site, Deborah"
En remerçiant Déborah
pour ce qu'elle a apporté à cet article.
Un autre commentaire intéressant de Raptor que je remercie également :
L'équilibre est ce qu'il y a de plus important, un cheval sur les épaules charge forcément (ou s'arrête) (je parle par expérience), comme l'a dit Déborah, un mors dur aggrave la situation, certains chevaux chauffent (donc chargent) à cause d'une mauvaise main, si le mors ne vous convient pas je vous conseille d'en prendre un plus doux (votre cheval mettra du temps à s'habituer mais c'est ce qu'il y a de mieux) ou un mors décontractant qui même s'il ne résoud pas le problème contribue au bien-être et à la décontraction du cheval. Le mieux reste encore de ne pas le laisser charger, les cercles peuvent contribuer à cela, n'allez sur l'obstacle qu'avec un cheval redressé et dans l'impulsion ("calme en avant et droit"). Si votre cheval arrive avec une avant main légère, il répondra mieux à la main et ne pourra pas accélérer. Il y a encore un point d'ombre, le cavalier. Posez-vous des questions sur votre position, si vous bougez (jambes et mains), comment sont vos mains... Le cavalier doit toujours se remettre en cause avant de faire quoi que ce soit.
Raptor
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