L'équitation actuelle dite de dressage puise ses origines dans l'art de dresser les chevaux pour un usage guerrier. Du dressage du cheval dépendait la survie de son cavalier. Dans un des premiers traités d'équitation rédigé vers 370 av. J.-C., Xénophon nous expliquait déjà comment dresser les chevaux pour les rendre maniables et attentifs aux demandes du cavalier en vue des combats.
Le cheval doit donc être capable d'accélérer et de ralentir ses allures à la moindre sollicitation de son cavalier, de pivoter d'un côté ou de l'autre avec la même aisance, le tout dans la plus grande légèreté, pour permettre au cavalier d'avoir les mains libres pour se battre. Combien de cavaliers actuels, même de haut niveau, seraient capables de livrer bataille l'épée à la main et de conduire en même temps leur cheval... Snif...
Toutefois, les choses ne sont pas si évidentes. En effet, le cheval présente deux caractéristiques physiques qui viennent perturber la présence et les actions du cavalier : d’une part, un équilibre naturel sur les épaules accentué par le poids du cavalier et, d’autre part, une inflexion naturelle plus marquée d’un côté ou de l’autre.
a) Son équilibre naturel sur les épaules...
Pour un cheval sans cavalier, les 4/9ème de son poids sont supportés par les postérieurs alors que les 5/9ème de son poids sont supportés par les antérieurs.
Si on lui ajoute un cavalier sur le dos, les 2/3 de son poids seront également supportés par les antérieurs (Chiffres tirés d'un article de Philippe Karl, d'après des données expérimentales entre autres du Général Morris
et du Capitaine de Saint-Phalle)
Si nous prenons un cheval de 450 kilogrammes, monté par un cavalier de 75 kilogrammes, les antérieurs supporteront donc 250 kg de sa propre masse plus 50 kg de la masse du cavalier, ce qui fera au total 300 kg, alors que les postérieurs ne supporteront que 225 kg (200 kg du cheval + 25 kg du cavalier). Cela signifie que le centre de gravité du couple cavalier/cheval va se trouver plus près des épaules.
Malgré tout, un cheval en liberté est toujours en équilibre. Il est maître de ses forces et change d'allure et de direction aisément.
Monté, il sera en équilibre quand l'équilibre du cavalier se confondra avec le sien, que les centres de gravité ddu cavalier et de sa monture n'en feront qu'un.
b) Son inflexion naturelle plus marquée d'un côté...
Je vais reprendre ici le schéma que j'ai déjà utilisé dans l'article sur l'épaule en dedans, avec ses commentaires.
Schéma issu du DVD de
Ph. Karl : "Dressage Classique"
DVD n° 2 de la série de trois DVD.
Prenons l'exemple d'un cheval naturellement ployé à gauche : il aura plus facilement la tête à gauche, donc sera plus facile à incurver sur un cercle à main gauche qu'à main droite ; il tendra plus volontiers sa rêne droite et le contact sur la rêne gauche sera plus difficile à établir ; il surchargera naturellement son épaule droite ; il tournera donc plus large à gauche, mais aura tendance à tomber sur l'épaule droite en tournant à main droite et réduira de ce fait son cercle ; la poussée des postérieurs sera dissymétrique : le postérieur droit poussera davantage qu'il n'engagera, poussée qui ne sera pas dans l'axe ; le postérieur gauche engagera plus facilement qu'il ne poussera.
c) Moyens mis à la disposition du cavalier pour améliorer ces caractéristiques physiques :
Afin de rendre notre monture la plus maniable possible, nous allons donc être amené, par un travail raisonné, à faire reculer le centre de gravité du couple cavalier/cheval vers les postérieurs, pour que le cheval soit mieux équilibré dans ses accélérations, plus facile à reprendre dans ses ralentissements et puisse pivoter d'un côté ou de l'autre sur ses hanches. Par un travail latéral, nous allons également chercher à obtenir un cheval symétrique, qui peut être incurvé des deux côtés avec la même aisance.
Nous avons à note disposition ce que nous appelons les "assouplissements" . Il en existe de deux types :
1) les assouplissements longitudinaux qui auront pour but de rééquilibrer le cheval sur ses hanches ;
2) les assouplissements latéraux qui auront pour but de redresser le cheval pour le rendre symétrique, droit. Ils vont donc permettre d'étirer, de rallonger, d'assouplir le côté plus court, le gauche en général. Comme nous le verrons également, les assouplissements latéraux et surtout leurs combinaisons auront un rôle important pour mener notre cheval vers le rassembler.
Attention, pour qu'un assouplissement soit efficace, il y a un préalable fondamental : il doit absolument être effectué sur un cheval parfaitement décontracté. Cette règle est d'ailleurs valable aussi bien pour notre cheval que pour nous-mêmes. La décontraction du cheval est donc un prérequis indispensable, mais également un signal que le cavalier ne doit pas perdre de vue. En effet, si au cours d'un exercice d'assouplissement, quel qu'il soit, le cavalier sent son cheval se contracter, se crisper, il doit aussitôt interrompre l'exercice pour rechercher à nouveau la décontraction. Il doit également se poser des questions sur les causes de cette contraction qui peuvent être de deux ordres : un exercice non approprié, fait de manière exagérée, ou demandé trop longtemps.
1) Les assouplissements longitudinaux :
Ce sont les assouplissements qui vont prioritairement agir sur l'équilibre du cheval. Donc, si vous rencontrez des problèmes d'équilibre, des résistances de poids, pensez immédiatement à "assouplissements longitudinaux". Un cheval est en équilibre quand le cavalier, par de simple indications, peut modifier la disposition du poids de son cheval sur ses membres.
Qu'appelle-t-on "résistances de poids" ? Voici ce que Faverot de Kerbrech écrivait dans son livre : Dressage méthodique du cheval de selle, d’après les derniers enseignements de F.Baucher :
"Des Résistances de Poids. Ou bien le cavalier, en cherchant la légèreté, a éprouvé dans la main la sensation d'un poids, d'une masse inerte difficile à déplacer. C'est ce qu'on est convenu d’appeler une "résistance de poids". "
Les résistances de poids sont donc la conséquence d'un cheval qui reporte son poids exagérément sur les épaules. La réflexion habituelle d'un cavalier montant un cheval lui opposant ce type de résistance : "J'ai cent kilos dans chaque main !"
C'est donc par une remise en équilibre du cheval que nous allons annihiler ce type de résistances. Par assouplissements longitudinaux, nous entendons donc toute la gamme des transitions d'allures montantes et descendantes (passer du pas au trot, du trot au galop, etc.) ainsi que les transitions dans la même allure (allonger et réduire le trot, par exemple). Nous pouvons inclure dans cette gamme d'assouplissement le reculer. Pour apprendre à votre cheval à reculer, je vous invite à vous reporter à l'article parlant de cet exercice.
Le reculer est une excellente gymnastique ; Baucher, par exemple, et parmi d'autres, reculait énormément et très tôt dans l'éducation du cheval, jusqu'à la foule (courbes en reculer).
Partons tout de suite d'un corollaire de base : mon cheval est plein de bonne volonté. Il ne demande qu'à faire ce que je lui demande. Encore faut-il qu'il le comprenne et qu'il soit dans les dispositions physiques et mentales qui lui permettront de le faire. Encore faut-il que je prenne le temps de lui expliquer...
Lors de son débourrage, nous devons laisser aller le poulain dans ses allures naturelles, dans son équilibre naturel. Cette remarque est également valable pour un cheval dont nous entreprenons l'éducation ou la rééducation. Il ne faut surtout pas vouloir ralentir son allant. Cela risquerait de l'éteindre, de le "ratatiner". C'est par le travail que nous allons lui proposer, que nous allons l'amener à modifier son équilibre en reportant du poids sur ses hanches. Il ne faut surtout pas non plus vouloir allonger les allures. Cela le mettrait inévitablement en déséquilibre vers l'avant, sur les épaules. Les transitions d'allures vont permettre au cheval d'être attentif et de mieux contrôler son propre équilibre pour pouvoir répondre aux sollicitations du cavalier.
Photo n° 1 : Michel Henriquet montant Ultra, lustanien de 4 ans.
Vers le trot moyen.
Recherche d'un contact sans pesanteur ni force. Malgré le jeune âge du cheval, vous pouvez constater que les membres du diagonal gauche sont également au poser tandis que les autres sont au soutien.
Photo n° 2 :Si vous comparez les posers des membres d'un même diagonal, l'antérieur droit et le postérieur gauche, vous constaterez que l'antérieur est encore à l'appui alors que le postérieur est déjà en phase de soutien ! Il en va de même pour le diagonal au soutien : l'antérieur est encore franchement au soutien alors que le postérieur amorce déjà sa phase d'appui.
Sur la première photo, le cheval, bien que très jeune, présente un équilibre tout à fait remarquable. Sur la deuxième photo, comme il est expliqué dans la légende, nous voyons bien le décalage entre l'antérieur et le postérieur du même diagonal. Ceci est le signe d'un déséquilibre du cheval vers l'avant. Nous pouvons rencontrer ce décalage chez un jeune cheval qui est encore à la recherche de son équilibre sous le poids de son cavalier. Mais, le travail doit corriger cet équilibre défectueux et doit faire disparaître ce défaut.
Le travail à pied sera bien entendu très intéressant pour éduquer notre cheval. L'arrêt par la badine en travers de la croupe, les transitions d'allures montantes et descendante à la voix seront autant d'éducatifs qui serviront par la suite le travail monté et permettront la mise en place de codes oraux et gestuels, d'obtenir ce travail dans la plus grande légèreté possible. Pour plus de renseignements, je vous renvoie à l'article sur le travail à pied.
Avec les progrès de l'équilibre du cheval, et afin de mieux mobiliser ce dernier dans ses variations d'allures, nous pouvons pratiquer des transitions "passagères". Par exemple, dès que votre cheval s'immobilise à la suite d'une transition descendante trot/arrêt, le faire repartir sans attendre les trois secondes réglementaires en utilisant simplement des petites variations d'attitude de votre buste. Cet exercice a pour but de rendre le cheval réactif aux plus petites de ces variations.
Les assouplissements longitudinaux pourront être combinés avec les assouplissements latéraux. Ainsi, l'arrêt à partir de l'épaule en dedans favorisera l'avancée du postérieur intérieur sous la masse.
Ceci me permet de faire à mon tour une transition bien équilibrée entre les assouplissements longitudinaux et les assouplissements latéraux que nous allons aborder maintenant.
2) Les assouplissements latéraux :
Nous pouvons définir deux grandes familles d'assouplissements latéraux :
La famille des épaules en dedans ;
La famille des appuyers.
Dans la famille des épaules en dedans, le cheval regarde d'où il vient.
Cheval de 4 ans en épaule en dedans de la droite vers la gauche sur une diagonale.
La cavalière effectue
cette épaule en dedans au trot enlevé.
Certains "puristes" pourront reprocher
à ce cheval
d'avoir le chanfrein
légèrement en deçà de la verticale.
N'oublions pas qu'il n'a que 4 ans et est donc en pleine
construction de son nouvel équilibre...
Certains "puristes" pourraient reprocher
à la cavalière d'avoir la jambe intérieure légèrement reculée.
Certains auteurs, comme le docteur Pradier,
définissent
trois positions possibles pour la
jambe. Les deux premières sont les
positions classiquement définies :
à la sangle ou reculée en jambe de position pour mobiliser les hanches.
Ils définissent une troisième position intermédiaire
pour l'action de la jambe
d'incurvation.
Je les rejoins tout à fait dans la définition de cette troisième position.
Dans la famille des appuyers, le cheval regarde où il va.
Même cheval, mais en appuyer de la droite vers la gauche.
Les remarques sur le ramener sont les mêmes
que pour la photo de l'épaule en dedans.
Mon exposé commencera donc par une présentation plus précise de la famille des épaules en dedans ainsi qu'une progression possible dans ce travail. La même étude sera faite dans une seconde pour la famille des appuyers. Une troisième partie sera consacrée à l'excellent travail combinatoire des deux familles.
Mais, avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais tout d'abord parler de la "cession à la jambe". Cette fameuse cession à la jambe définie par la Fédération Française d'Équitation, qui me paraît déjà être une des premières dérives de l'enseignement officiel en France.
Le règlement de la Fédération Française d'Équitation définit la cession à la jambe comme étant une sorte d'appuyer dans lequel le cheval regarde d'où il vient.
Pour moi, la cession à la jambe est autre chose ! Mon cheval cède à la jambe quand, répondant à l'action de la jambe intérieure à la sangle, il vient s'infléchir du côté de l'action en cédant sur la rêne intérieure et en se déplaçant en sens opposé à l'action, par engagement du postérieur intérieur. Comme son nom l'indique, le cheval cède à la jambe. Donc, à mon sens, les épaules en dedans sont des cessions à la jambe.
Comète me servant de partenaire pour expliquer lors d'un stage
la cession à la jambe
telle que je viens de la définir.
Attention, ceci est une "démonstration pédagogique"
Donc, pour les puristes, je tiens à préciser que mes actions pour être visibles et pour entraîner une réaction visible de Comète sont exagérées,
tout comme la réaction de Comète...
Un autre sens peut être donné à la cession à la jambe : le fait que le cheval, par la pression de la jambe du cavalier légèrement reculée, déplace ses hanches en sens opposé... Effectivement, le cheval cède à l'action de la jambe. Mais, dans ce cas, nous ne sommes pas en présence d'un assouplissement, mais d'un éducatif.
Pour terminer cette introduction, je rappellerai la règle d'or des assouplissements, qu'ils soient pour le cheval ou pour son cavalier, d'ailleurs : on ne peut assouplir que ce qui est décontracté. Je rappelle que la décontraction est un état mental alors que la souplesse est un fait physique. Il est "facile" pour nous de comprendre que si nous effectuons des assouplissements, c'est pour notre bien, même si cela fait mal ! Donc, avec un petit effort de volonté, nous sommes capables d'accepter une douleur raisonnable en faisant un effort de décontraction. Par contre, le cheval n'acceptera pas cette douleur. Il se contractera ! Donc, vous devez absolument être à son écoute pour sentir jusqu'où ne pas aller trop loin dans l'exercice. Tout assouplissement fait dans la crispation raidira le cheval au lieu de l'assouplir !
Ces mises au point étant faites, entrons dans le vif du sujet.
Dans la progression que je vais vous proposer, je cherche à aller du facile vers le difficile, du simple vers le complexe. Je commencerai donc par l'apprentissage de l'épaule en dedans sur la diagonale pour aller vers l'épaule en dedans au mur, puis vers les appuyers.
a) La famille des épaules en dedans ;
Pour en savoir davantage sur l'épaule en dedans, je vous renvoie à l'article déjà écrit sur ce sujet. Je vais donc me contenter d'énumérer les différents exercices composant cette famille.
Dans cette famille, nous rencontrons donc l'épaule en dedans et la contre épaule en dedans. L'épaule en dedans peut être effectuée soit sur un cercle, soit sur une diagonale, soit à la piste. La contre épaule en dedans est une épaule en dedans "tête au mur". Pour mieux la visualiser, je vous renvoie à l'animation ci-dessous.
1) L'épaule en dedans : dans ma progression, je commence par apprendre l'épaule en dedans sur la diagonale. Si la piste est le premier apprentissage à construire chez le cheval, une fois acquise, elle "attire" le cheval. Je profite donc de cette attraction de la piste pour démarrer cet apprentissage. Ensuite, j'aborderai la contre épaule en dedans pour terminer par l'épaule en dedans à la piste. L'épaule en dedans sur le cercle vient par la suite compléter cette gamme d'assouplissements de la famille des épaules en dedans.
2) La contre épaule en dedans : j'aborde ensuite la contre épaule en dedans après avoir effectué une demi volte au bout d'un grand côté. Je trouve plus intéressant pour le cheval (et le cavalier, donc...) d'effectuer cet exercice sur une piste intérieure plutôt qu'à la piste. Sur une piste intérieure, le mur ne pourra servir de butoir ! Il servira de guide, de loin... Toute la difficulté, l'intérêt de ce procédé consistera à maintenir le cheval à égale distance de ce mur.
Il m'arrive avec certains chevaux, entre autres à rééduquer, de commencer par l'apprentissage de l'épaule en dedans sur le cercle. La mise en garde que je ferai au cavalier non expert qui débute par l'apprentissage de l'épaule en dedans sur le cercle est d'être attentif à ne pas faire déraper les hanches par un reculer exagéré de la jambe intérieure, comme je l'ai souvent vu faire.
b) La famille des appuyers.
Pour en savoir davantage sur l'appuyer, je vous renvoie à l'article déjà écrit sur ce sujet. Je vais donc me contenter d'énumérer les différents exercices composant cette famille.
1) L'appuyer vers la piste : je préfère commencer l'appuyer à partir d'un doubler dans la longueur, en prenant une diagonale qui me ramène à la piste. Je profite ainsi de l'attraction que la piste exerce sur mon cheval. Le travail des pirouettes ordinaires et renversées est un bon travail préparatoire à l'appuyer. Dans l'un, on enseigne au cheval à se mobiliser autour de ses hanches ; dans l'autre, on enseigne au cheval à se mobiliser autour des épaules.
2) Le travers : nous pouvons ensuite aborder la hanche en dedans ou "tête au mur", que les anciens appelaient "travers". Elle est relativement simple à aborder en faisant un cercle de 6 mètres environ sur un grand côté et en demandant au cheval de garder ses hanches en dedans en reprenant la piste.
3) Le renvers : la croupe au mur est un peu plus délicate à aborder. Les anciens l'appelaient "renvers". Elle peut être abordée en effectuant une demi volte en fin d'un grand côté et en demandant au cheval de prendre de l'avance avec ses hanches au moment où vous rejoignez la piste.
4) L'appuyer en quittant la piste : je le prépare toujours par quelques foulées d'épaule en dedans avant de demander le départ en appuyer sur la diagonale.
D'une façon générale, l'apprentissage des appuyers viendra après l'apprentissage de l'épaule en dedans.
c) La combinaison des deux familles :
D'une manière schématique, il faut savoir que l'épaule en dedans, tout comme l'appuyer, favorisent l'engagement, l'avancée du postérieur sous la masse. Ils n'entraînent pas réellement d'abaissement de la hanche correspondante.
Ce qui va provoquer l'abaissement de la hanche, donc permettre d'aller vers le rassembler, est la combinaison des deux. Au moment où il passe de l'épaule en dedans à l'appuyer, le cheval est obligé de faire un effort particulier pour arriver à passer le postérieur extérieur devant le postérieur intérieur, que l'épaule en dedans initiale a fait venir davantage sous la masse.
Vous trouverez ci-dessous un certain nombre d'exemples de combinaisons possibles. Attention, il ne faut jamais oublier les paroles du Maître Nuno Oliveira : "les derniers pas de la figure que vous quittez doivent contenir les premiers pas de la figure que vous prenez...".
Passage de l'appuyer à l'épaule en dedans.
Passage de l'épaule en dedans à l'appuyer.
Passage de l'épaule en dedans au travers.
Passage de la contre épaule en dedans au renvers.
Contre changement de main en appuyer.
Bien entendu, d'autres combinaisons sont possibles. Les combinaisons renvers - travers - épaule en dedans - contre épaule en dedans peuvent également se faire sur le cercle. Dans ce genre de travail, ce qui est intéressant n'est pas l'exercice en lui-même, mais le passage de l'un à l'autre qui mène vers le rassembler. Je vous recommande donc de ne pas rester dans l'exercice, mais de passer de l'un à l'autre régulièrement. Par exemple, vous faites trois pas d'appuyer en quittant la piste, puis vous la rejoignez par trois pas d'épaule en dedans, etc.
3) L'ordre dans la progression des apprentissages :
Je place l'apprentissage des assouplissements longitudinaux avant celui des assouplissements latéraux et de l'épaule en dedans en particulier, en règle générale. Les assouplissements longitudinaux permettront l'amélioration de l'équilibre naturel du cheval. Et c'est cette amélioration qui permettra d'aborder dans les meilleures conditions les assouplissements latéraux, dont l'épaule en dedans.
Lors d'un stage que j'animais, une cavalière était incapable de faire une épaule en dedans sur la diagonale avec son propre cheval qu'elle montait depuis un certain temps. En vingt minutes, j'ai obtenu de ce cheval de belles épaules en dedans sur la diagonale au pas comme au trot. Et c'est grâce à la préparation par les assouplissements longitudinaux que j'ai pu le faire. Ceux-ci m'ont permis de mettre le cheval dans l'équilibre propice à l'épaule en dedans.
Cet exemple est très intéressant. C'est ce genre de constatations qui m'a amené à écrire l'article sur "les principes du travail du cheval". Le problème, l'analyse de ce qui pause problème, en déterminer les causes, remédier aux causes pour régler le problème. Et les causes n'ont pas forcément un lien direct évident avec le problème...
"Baucher considérait le cheval par morceaux ; il travaillait isolément l’avant et l’arrière-main, mais jamais il n’a assoupli l’avant sans que l’arrière soit en même temps travaillé ; c’est à cette condition de simultanéité qu’il pouvait ensuite relier les deux morceaux pour former un ensemble cohérent. (Je parle du Baucher de la fin, pour simplifier, parce que Baucher, c’est 13 éditions de son vivant plus une 14èmepost mortem, soit l’histoire d’une vie).
(Digression : Nuno Oliveira avait bien compris, lui, que Baucher, en fin de compte, considérait le cheval dans son ensemble, comme La Guérinière, et que si la forme différait, le fond rassemblait les deux maîtres…, d’où sa propre synthèse…)".
Afin de ne pas allonger cet article exagérément, je vais consacrer un nouvel article à la rectitude et à la manière de redresser un cheval infléchi naturellement d'un côté ou de l'autre.