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L'appuyer.


L'appuyer, comme le cercle et l'épaule en dedans, est un exercice d'assouplissement latéral pour cheval. C'est le plus abouti des exercices de deux pistes.

Pour plus de précisions sur les assouplissements latéraux et leur utilité, je vous renvoie à l'article sur "les assouplissements" (en cours de rédaction...)

Dans cet exercice, le cheval se déplace latéralement et en avançant. Il regarde où il va, les membres extérieurs croisent par devant les membres intérieurs, le postérieur extérieur devant s'engager en croisant sous la masse du cheval. Les épaules doivent toujours précèdent légèrement les hanches. Le cheval doit être légèrement incurvé autour de la jambe intérieure.

Les épaules précédent légérement les hanches...
Appuyer de la gauche vers la droite au trot.

Si dans l'épaule en dedans, le cheval doit être harmonieusement incurvé de la tête à la queue, dans l'appuyer, il restera le plus droit possible avec un léger pli de l'encolure dans le sens du déplacement. L'équitation ancienne exécutait l'appuyer avec une incurvation prononcée de l'ensemble du cheval.

 

1) Les aides de l'appuyer :

Nous prendrons l'exemple de l'appuyer de la droite vers la gauche. Le cheval va devoir placer son bout du nez vers la gauche. La main gauche va donc veiller à contrôler ce pli en se positionnant au creux de l'encolure. La jambe intérieure, c'est à dire la jambe gauche, va "caler" le cheval dans son pli. Elle va aussi entretenir l'impulsion et veiller à ce que le cheval avance dans son exercice. Ceci permettra une orientation plus ou moins vers l'avant du déplacement latéral. Je vous rappelle que, comme l'épaule en dedans, l'appuyer sera d'autant plus efficace que le cheval avancera dans l'exercice.

La jambe extérieure, c'est à dire la jambe droite, va, dans une position légèrement reculée, demander le déplacement latéral. Elle sera aidée de la rêne extérieure qui aura plusieurs rôles : celui de faire venir les hanches en retenant l'épaule extérieure par une légère tension vers l'extérieur de la rêne, celui de maintenir les épaules devant les hanches par un éventail d'actions pouvant aller de l'effet d'appui (qui ne doit pas perturber le pli) à la légère tension définie précédemment. Elle devra également contrôler et limiter le pli.

Nous avons parlé dans l'article sur les aides (jambes, mains et assiette) du rôle important que joue votre assiette dans la selle. Votre nombril doit être orienté dans la direction du déplacement de votre cheval. Donc, votre bassin doit être légèrement tourné vers l'intérieur. Cette légère rotation du bassin vous aidera de plus à reculer votre jambe extérieure et à avoir votre jambe intérieure à la sangle. Votre ceinture doit se tendre dans le sens du déplacement, mais votre position doit rester parfaitement équilibrée sur le dos de votre cheval. Je vous renvoie pour plus d'explications à l'article sur "le coup du tabouret".


Cette petite animation vous permet de mieux visualiser
l'action de la rêne extérieure qui fait "venir les hanches"


Les aides de l'appuyer :
l'assiette qui se tend dans le sens du déplacement ;
la plage d'action de la rêne extérieure ;
la jambe extérieure qui déplace les hanches ;
la jambe intérieure qui donne l'impulsion et fait avancer le cheval ;
la rêne intérieure qui fixe le pli.

 

2) Aborder l'appuyer :

Nous allons donc commencer à enseigner l'appuyer à notre cheval au pas. Nous reprendrons l'exemple de l'appuyer de la droite vers la gauche. Pour cela, tout comme pour l'épaule en dedans, aidons-nous de l'attraction que la paroi exerce sur notre cheval. Nous allons pratiquer de la manière suivante : marchant piste à main gauche, en bout du grand côté de la carrière, passer soigneusement le premier coin du petit côté. Après avoir parcouru cinq mètres environ sur ce petit côté, doubler dans la longueur et, après s'être avancé de quelques pas, arrêter le cheval. Cet arrêt s'effectuera dans un léger pli d'épaule en dedans (une demi-épaule en dedans). Après plusieurs répétitions, vous pourrez, en combinant vos aides comme je l'ai expliqué ci-dessus, demander les premiers pas d'appuyer. Arrêter le cheval dans l'attitude de l'appuyer vous permettra de décomposer les difficultés en corrigeant le retard ou l'excès de hanche, la flexion de l'encolure, l'équilibre, la légèreté. L'arrêt permet de vaincre les résistances de poids dues à une détérioration de l'équilibre. (Baucher : la décomposition de la force et du mouvement.)



En procédant de la sorte, par des actions très délicates, vous obtiendrez les premiers pas d'appuyer de votre cheval. Attention, ne soyez pas trop gourmand ! Contentez-vous de quelques pas bien faits et arrêtez votre cheval. Cela le calmera, le tranquillisera. Ce sera aussi pour lui une récompense.

Je vous rappelle que les épaules doivent toujours être devant les hanches. Pour juger de la bonne position des épaules par rapport aux hanches, voici la règle que M Henriquet a mis au point : la règle de la troisième parallèle. Une ligne droite partant de l'oreille extérieure de votre cheval et passant par votregenou intérieur doit être parallèle aux parois du manège... Simple... Efficace !



Les schémas ci-dessous vous expliquent pourquoi les épaules doivent toujours pércéder les hanches et pourquoi le cheval doit avancer dans l'appuyer tout comme dans l'épaule en dedans.


Figure 1
Appuyer correctement fait.
Le postérieur droit s'engage et pousse en direction de l'épaule gauche et du centre de gravité, ce qui augmente la capacité à s'engager sous la masse.
Figure 2
les hanches sont devant les épaules. On dit que le cheval "s'entable". Le postérieur droit croise devant le postérieur gauche, mais ne pousse plus dans l'axe passant par le centre de gravité. Il n'y a plus réellement d'engagement. De plus, le cheval risque de se toucher et de se blesser aux postérieurs.
Figure 3
Dans ce cas, l'avant-main précède trop l'arrière-main. Le cheval se soustrait à l'effort en marchant pratiquement droit de buste.


Un soin particulier doit être apporté à la fin d'un appuyer. Si le cavalier n'y prête pas attention, le cheval "lâchera" l'appuyer dans les dernières foulées le ramenant à la piste et il anticipera son redressement. Il est donc recommandé de maintenir l'appuyer jusqu'au retour à la piste, quitte à légèrement entabler sa monture dans les deux dernières foulées, pour que les hanches devancent légèrement les épaules.

 

Certains cavaliers aborderont les appuyers par l'apprentissage de la "tête au mur" également appelé "travers" et de la "croupe au mur" également appelé "revers". Je décris ces deux exercices dans le paragraphe suivant. Comme je l'ai déjà écrit, cette progression est celle que j'utilise d'une manière générale. D'autres progressions sont bien entendu également envisageables.

 

3) Une proposition de progression :

Comme toutes les propositions de progression que je vous ai indiquées, celle-ci également n'engage que moi ! C'est comme cela que de manière générale je procède. Mais d'autres progressions seront bien entendu possibles. Une des règles d'or de l'enseignement est que la progression doit aller du facile vers le difficile, du simple vers le complexe.

Nous pouvons considérer les mobilisations autour des hanches et des épaules comme des préalables à l'apprentissage de l'appuyer. Pour ces exercices, je vous renvoie à l'article sur les pirouettes. En effet, nous pouvons considérer l'appuyer comme une succession de légères mobilisations, alternativement autour des épaules et des hanches.

Lorsque le travail au pas ne pose plus de problème à votre monture, vous pouvez aborder ce travail au trot, en conservant la même manière de procéder que pour l'apprentissage de l'appuyer au pas : marchant piste à main gauche, au bout du grand côté de la carrière, passer soigneusement le premier coin du petit côté. Après avoir parcouru cinq mètres environ sur ce petit côté, doubler dans la longueur et, après vous être avancé de quelques pas dans un léger pli d'épaule en dedans, demandez à votre cheval d'appuyer. Ce léger pli d'épaule en dedans a pour but de préparer l'incurvation du cheval autour de la jambe intérieure du cavalier avant de prendre l'appuyer. Dans les premiers pas de l'appuyer, il faut malgré tout veiller à ce que les hanches ne prennent pas de retard. En effet, une épaule en dedans trop marquée en préparation de l'appuyer pourrait entraîner ce retard des hanches. Afin d'éviter cet écueil, Michel Henriquet préconise là aussi d'utiliser la règle de la 3ème parallèle pour préparer l'appuyer : en faisant marcher votre cheval d'une piste à la paroi, pliez son encolure afin de lui amener l'oreille extérieure devant votre genou intérieur. Là aussi, il faut être très vigilant. Le risque sera de faire partir les hanches en premier et d'entabler votre cheval.


Appuyer de la droite vers la gauche au trot.

L'appuyer en allant vers la piste étant bien assimilé par votre cheval, il est temps d'aborder l'appuyer en quittant la piste. Bien sûr, il faudra commencer par l'aborder au pas avant de le faire au trot.

L'appuyer peut également être effectué au galop. Je procède de la manière suivante : à partir d'un appuyer au pas sur une diagonale allant vers la piste, je demande le départ au galop. Mon cheval doit rester dans l'appuyer. S'il force la main pour se repartir droit devant lui, je l'arrête pour le rééquilibrer.

L'appuyer peut avoir plusieurs déclinaisons, en fonction de l'endroit du manège où il est demandé :


Tête au mur ou "travers". Cet exercice peut être abordé relativement facilement à partir d'une volte à l'entrée d'un grand côté. Il suffit, avec la jambe extérieure, de concerver les hanches en dedans à la fin du cercle pour pronloger l'ensemble à la piste.

Remarque sur le travers

"Ceux qui mettent la tête d'un Cheval vis-à-vis du mur, pour lui apprendre à aller de côté, tombent dans une erreur dont il est facile de faire voir l'abus. Cette méthode le fait plutôt aller par routine que pour la main et les jambes ; et lorsqu'on l'ôte de la muraille et qu'on veut le ranger de côté dans le milieu du manège, n'ayant plus alors d'objet qui lui fixe la vue, il n'obéit qu'imparfaitement à la main et aux jambes, qui sont les seuls guides dont on doive se servir, pour conduire un Cheval dans toutes ses allures. Un autre désordre qui naît de cette leçon, c'est qu'au lieu de passer la jambe de dehors par-dessus celle de dedans, souvent il la passe par-dessous, dans la crainte de s'attraper avec le fer la jambe qui est à terre, ou de se heurter le genou contre le mur, dans le temps qu'il lève la jambe et qu'il la porte en avant pour la passer par-dessus l'autre." La Guérinière dans École de cavalerie.

"La Guérinière ... refuse l’appuyer tète au mur, c’est-à-dire le corps du cheval totalement infléchi, de la nuque à l’insertion de la queue. Il préconise d’abord la seule flexion des hanches. Ensuite et sur la diagonale, il incurve l’ensemble." Michel Heniquet, dans une correspondance privée.

La seule flexion des hanches implique que le cheval reste droit d'encolure et d'épaules à la piste. Seules les hanches, par l'action de la jambe extérieure, prennent une piste intérieure.

 


Croupe au mur ou "renvers". Cet exercice est plus délicat à aborder. Vous pouvez l'amener par une demi-volte au bout d'un grand côté. Rejoignez la piste par un appuyer. Dans les derniers pas de l'appuyerpour rejoindre la piste, "entablez" le cheval et prolongez l'ensemble à la piste.

Le travers comme le renvers peuvent se faire sur un cercle. Dans ce cas, les épaule et le hanches décriront deux cercles concentriques différents. Pour le travers, les épaules étant sur un cercle plus grand, l'amplitude du mouvement des épaules augmentera ; dans le cas du renvers, ce seront les hanches qui seront sur un cercle plus grand. L'amplitude du mouvement des postérieurs, donc l'engagement du postérieur extérieur au pli, le postérieur du dedans, augmentera. Il est également très intéressant de pratiquer le travers comme le revers sur une piste intérieure, pour éviter la "routine" redoutée par La Guérinière. La piste jouera alors le rôle de guide éloigné et tout l'intérêt de l'exercice consistera pour le cavalier à obtenir un déplacement parallèle à la paroi.