L'achat d'un cheval

Introduction :

Après un exposé complet sur les modèles et allures, Urgos nous fait part de son expérience en nous livrant quelques conseils à suivre au moment de l'achat d'un cheval.

Alors, mettons le maximum de chances de noter côté pour que le bonheur de devenir propriétaire ne tourne pas au cauchemar, comme cela arrive parfois !

Conditions...


1) La vente :

Il existe plusieurs types de vente :

La vente à l'amiable : consentement des deux parties, acte écrit avec le prix ;

La vente à l'encan ou aux enchères publiques : faite par huissier, avec ou sans garantie ;

La vente à l'essai : sous condition suspensive, formulée par écrit ;

La vente à terme : livraison à une époque fixée, mentionnée par écrit ;

L'échange : contrat écrit indispensable.

 

2) Annulation de la vente :

Il faut savoir que tout achat est garanti par des règles très précises.

La garantie est l'absence de vices rédhibitoires, sauf si ceci sont formellement stipulés sur l'acte de vente, affranchissant le vendeur de toute garantie. Donc, réfléchissez bien aux conséquences que pourrait entraîner l'acceptation écrite (ou non d'ailleurs) d'acheter un cheval présentant des problèmes physiques.

La vente peut être annulée dans le cas où le cheval présenterait les défauts suivants, appelés vices rédhibitoires :

Immobilité : hébétude, stupéfaction, fixité des attitudes, incohérence (jambes croisées), impossibilité à exécuter certains mouvements, gestes maladroits, paralysie.

Emphysème pulmonaire : dilatation anormale des vésicules pulmonaires pouvant aller jusqu'à la rupture : altération des mouvements du flanc, toux sèche, petite, sifflante, courte, surtout le matin. Parfois léger jetage blanchâtre, mousseux pendant l'exercice. Amaigrissement prononcé, congestion, mort.

Cornage chronique : sifflement rauque ou sonore, râle plus ou moins étouffé en cours de la respiration. Obstacle au libre passage de l'air au niveau des voies respiratoires.

Tic avec ou sans usure des dents : tic à l'appui, déglutition d'air, ballonnements, coliques, mauvais état général.

Boiteries anciennes intermittentes : boiterie alternativement apparente à froid ou à chaud, due à une lésion ancienne, visible ou cachée.

Fluxion périodique des yeux : ophtalmie grave, abcès, perte plus ou moins complète de la vision.

Ces vices doivent ête signalés au vendeur sous un délai de 9 jours, par recommandé avec accusé de réception, sauf pour la fluxion périodique où le délai est de 30 jours.

Interdiction de vente  : les chevaux atteints ou soupçonnés de maladies réputées contagieuses sont interdits à la vente. Ces maladies sont  :

.  la rage, la gale, la morve, la dourine, le charbon et la typho-anémie.

Dans ce cas, le délai d'annulation est de 45 jours.

 

3) La visite d'achat :

L'acheteur : se reporter au dossier « modèles et allures » pour apprécier le cheval à l'arrêt et en mouvement en gardant à l'esprit l'usage que l'on veut en faire.

Le vétérinaire : la visite vétérinaire d'achat est à la charge de l'acheteur.

Inspection approfondie, étude des allures, test de flexions des jambes, examen de la récupération respiratoire et cardiaque après l'effort, tests diagnostiques (radiographies des membres en général)


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L'intérêt d'une visite d'achat est de révéler les troubles excluant d'emblée une carrière sportive pour l'acheteur, qui accepte ou pas les imperfections ou les tares. Je vous conseille d'ailleurs de veiller au libellé de votre facture d'achat. Au terme "équidé" pouvant laisser supposer que le vendeur n'était pas au courant de l'utilisation que vous souhaitez faire de vote cheval, préférez celui de "cheval de sport". Par contre, si vous-même, vous vendez un cheval de loisirs, écrivez sur l'acte de vente : "équidé" ou "cheval de loisir". Certains petits problèmes non rédhibitoires pour des chevaux de loisirs peuvent le devenir pour des chevaux de sports. La réciproque est d'ailleurs vraie !


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Un dernier point important est la vérification des papiers d'authentification du cheval. Vérifiez-les bien vous-même ou faites-les vérifier par votre vétérinaire ou toute autre personne compétente. Tout cheval, qu'il ait des origines ou non, doit être vendu accompagné d'un livré signalétique. Pour les chevaux avec pedigree, les ascendants apparaîtront. Pour les chevaux sans origine, le livret sera noir et ne comportera que son signalement permettant de le reconnaître et son carnet de vaccinations.


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Un petit conseil de JP pour l'achat d'un cheval de dressage.

Quand je souhaite essayer un cheval dans le but d'en faire un cheval de dressage, la première chose que je fais est de lui faire sauter un obstacle en liberté. Pourquoi ?

Le saut est une "allure naturelle" du cheval. Si un cheval n'utilise pas son dos quand il saut, quand il effectue un geste naturel, n'espérez qu'il le fasse sous votre selle. Et un cheval de dressage qui ne travaille pas avec son dos ne pourra pas êter un bon cheval d'école.

 

Après avoir lu l'article d'Urgos, Florence m'a proposé un petit complément
que je vous mets ci-dessous.

 

Devenir propriétaire


Prendre la décision de devenir propriétaire d’un cheval est loin d’être anodin.
Il s’agit de constituer un couple qui ait les meilleures chances de fonctionner… pour le meilleur et pour le pire.

Le parcours du combattant est semé d’embûches.

Lorsque l’on a fait le bilan de ses économies et de ses compétences en équitation, il reste à trouver la perle rare. C’est si peu évident que certains cavaliers se sont reconvertis dans cette activité ; ils font avec vous le bilan de vos besoins, de vos envies, de vos désirs, de vos moyens puis se mettent en quête du mouton à cinq pattes, pardon du cheval à cinq jambes.

Si vous décidez de faire vous-même la démarche, n’hésitez pas à vous faire conseiller par plus compétent que vous : enseignants, propriétaires expérimentés, … La première chose qu’ils vous diront est de bien réfléchir. Posséder un cheval, c’est le sortir tous les jours, par tous les temps ou le faire sortir par une personne en qui vous avez confiance. Il faut donc avoir une bonne santé, du temps de libre, des horaires aménagés, un bon carnet d’adresse. Cela veut dire organiser ses vacances en fonction du cheval, ne pas dîner au restaurant le samedi soir si on veut aller en forêt le dimanche matin avant l’arrivée de la foule (pour ceux qui vivent près des grandes villes)…

Vous vous sentez prêt à tous les sacrifices ? Alors on y va.

Si vous avez peu d’expérience en équitation (vous diriez quel galop ? Moi je dirais moins de galop 5), il vous faut un cheval qui soit déjà expérimenté. Il vous apprendra ce que vous ne savez pas encore faire. Il répondra à vos demandes lorsqu’elles seront bien formulées… ce qui vous permettra de savoir quand vous les formulez bien. L’âge d’un cheval expérimenté est variable selon son tempérament. Mais en moyenne, il s’agit d’un cheval de 8 ou 9 ans minimum. Evitez les entiers !

Les cavaliers plus expérimentés auront peut-être envie de tenter la grande aventure. On les comprend ; construire une relation neuve avec sa monture est grisant… pour celui qui veut investir plusieurs années (3, 4, 5 ans ?) d’efforts avant d’obtenir un changement de pied au galop.

Mais, au fait, que voulez-vous faire avec votre cheval ?

Rares sont les chevaux parfaitement polyvalents. Que préférez-vous ? Le dressage, le saut d’obstacle, la promenade ou des activités moins répandues comme l’attelage, l’acrobatie, le polo, …le débardage en forêt ! Mais là je m’égare !

Moi je rêve devant les Frisons. Je ne loupe pas un film « historique » pour pouvoir les admirer tirant les calèches ou portant le héros (les chevaux des méchants sont bien moins majestueux).

Mais, outre le fait que mon porte-monnaie n’est pas assez rempli pour m’en offrir un, il faut se rendre à l’évidence, les poneys sauteront mieux les obstacles que mon fier destrier.

Vous, c’est la ballade ? Alors pourquoi vous cogner dans les branches perchées sur votre Selle Française qui ne sait pas galoper dans les racines sans buter ?

A chaque activité correspond un type de cheval.

Il est toujours risqué de généraliser mais, d’après ce que j’ai vu, les chevaux faits pour la ballade, la randonnée, l’endurance sont plutôt rustiques. Les poneys –ou assimilés- sont parfaits pour cela. Dans cette catégorie, j’inclus les mérens, les camarguais, tous ceux que l’on retrouve dans l’équitation western. L’exception étant le pur-sang arabe qui est résistant mais racé. Moi j’adore mais dans le Larzac il fait bizarre !

Pour le dressage et l’obstacle, les chevaux que l’on trouve dans les clubs hippiques sont parfaits. Ce sont des Selles Françaises, des Anglo-arabes, … Les Trotteurs « recyclés » sont plus compliqués à gérer, ne pensant qu’à aller toujours plus vite, toujours plus en vrac ! J’en connais qui, à l’abord de l’obstacle, changent d’avis cinq fois : pied gauche ? Pied droit ? Une longue ? Une foulée de plus ?

Une chance sur deux !

C’est ce que m’a dit mon professeur d’équitation ! Quand on achète un cheval, on a une chance sur deux de tomber sur un qui convienne. Pour toutes sortes de raisons. Le cheval n’a pas un comportement satisfaisant car il a vécu de mauvaises expériences au débourrage ou par la suite et vous ne vous en apercevez pas tout de suite. Ou tout simplement ce n’est pas le bon cheval pour vous. Il est peureux, vous êtes brusque. Il est fantasque, vous êtes rigoureux. Il est mou, vous êtes speed (ou le contraire !) Autre possibilité : il est boiteux une semaine sur deux (dans le meilleur des cas !)

Mais vous êtes comme moi, vous l’aimez votre cheval pas parfait. Ce n’est pas un objet que l’on jette et que l’on remplace. Et là vous vous entêtez, pensant bien faire : « je ne vais tout de même pas l’abandonner. Bon d’accord il ne saute pas plus de 80 cm mais je ne vais tout de même pas le vendre à un club de randonnée ! » Et bien si ! Surtout s’il est fait pour cela.

Le sentimentalisme est mauvais conseilleur. C’est ce que je ne cesse de me répéter en regardant ma jument qui tousse dans la poussière et qui serait tellement mieux à la campagne. En vain ! Pourtant il faut savoir se raisonner pour le bien-être de tout le monde.

Les plus belles histoires ont une fin.

Tout le monde sait qu’un cheval a une espérance de vie inférieure à celle d’un être humain. Acheter un cheval, c’est savoir qu’il faudra un jour se quitter. Parce qu’il a bien gagné sa retraite, parce qu’il est malade ou blessé. Parce qu’il a fini sa vie.

Une cavalière expérimentée qui en est à son cinquième cheval de concours m’a dit qu’elle avait mis un an à pouvoir dire qu’elle l’aimait. Elle l’appréciait : il répond parfaitement à ses attentes objectives. Mais elle conservait la nostalgie du précédent. Il faut beaucoup d’énergie et de courage pour recommencer une histoire.

Mais pas de panique, un cheval peut vivre plus de 35 ans et vous pourrez encore aller le voir au pré alors que vous monterez son petit-fils !

Alors si vous êtes toujours décidé, choisissez votre partenaire, aimez-le intensément mais avec discernement. Vous aurez tout à y gagner tous les deux.

Je vous souhaite de merveilleuses années de complicité et de progrès, d’entêtements et de succès, de découvertes sur sa personnalité et sur la vôtre.