Antoine de Pluvinel
(1555 - 1620)
|
|
|
|
|
Antoine de Pluvinel est venu au monde à Crest,
dans le Valentinois, la même année que Malherbes. Et tandis
que celui-ci passait au crible une langue parfois enrichie à
l'excès par les Italianisants de la Pléiade et de l'école
lyonnaise, celui-là rendait un service analogue à l'art
équestre, qu'il orienta vers un classicisme où devaient
prendre toute leur valeur les grands principes sauvegardés, perfectionnés
et transmis par les grands maîtres de Naples et de Ferrare.
|
|
Vers l'âge de 10 ans, Antoine de Pluvinel est envoyé
en Italie et y travaille avec Pignatelli jusqu'à 17 ans environ.
Il est alors ramené par M. de Sourdis, premier écuyer
du roi Charles IX, à qui il est présenté. Il
est alors nommé premier écuyer du frère du Roy,
le duc d'Anjou, futur Henri III. Il accompagna ce prince en Pologne
où il avait été porté au trône en
1573. Quelques mois plus tard, à la mort de son frère
Charles IX, Henri quitta son royaume de Pologne auquel il préférait
la belle et bonne couronne de France. Pluvinel l'accompagna jusqu'à
Paris. Pour sa loyauté, Pluvinel fut comblé d'honneurs.
En 1589, Henri devint roi de France sous le nom d'Henri IV. Pluvinel
occupa les charges de : chambellan, sous-gouverneur du dauphin Louis,
précepteur du duc de Vendôme, gouverneur de la Grosse
Tour de Bourges...
|
En 1594, patronné par le chevalier de Saint-Antoine,
son ancien camarade du manège de Naples, devenu premier écuyer
ordinaire sous Henri III et Henri IV, Pluvinel est autorisé à
fonder l'Académie d'équitation dont il rêvait, proche
de la Grande Écurie Royale. En 1609, Henri IV envoya Pluvinel
auprès du gouverneur Maurice de Hollande pour la délicate
négociation du "grand projet" contre l'Espagne, négociation
arrêtée par le couteau de Ravaillac...
Pluvinel mourut le 24 août 1620, sans avoir
fait éditer son oeuvre. Une première édition incomplète
parut en 1623, avec comme titre "Le Maneige Royal",
grâce au dessinateur Crispin de Pas et de J.-D. Peyrol, l'ancien
valet de chambre de Pluvinel. Une deuxième édition, de
meilleure qualité, due à Menou de Charnizay, vieil ami
de l'écuyer, fut éditée en 1625 sous le titre de
"L'Instruction du Roy en l'exercice de monter à cheval".
Cet ouvrage sera également magnifiquement illustré
par Crispin de Pas.
|
L'Instruction du Roy est celle du jeune Louis XIII,
né en 1601 et qui deviendra roi en 1610, sous la régence
de sa mère. C'est donc à un adolescent que Pluvinel, quinquagénaire,
inculque les meilleurs préceptes "pour réduire
les chevaux en peu de temps à l'obéissance". Il
le fait sous forme d'entretiens avec le roi.
|
|
Tenant compte de l'allégement de la gendarmerie,
de la suppression des tournois depuis l'accident survenu à Henri
II en 1559 et du développement de l'équitation que nous
qualifierons "d'amateur", Pluvinel pousse l'équitation
de manège plus loin que ses prédécesseurs. Il utilise
les piliers pour mieux l'assouplir. On lui a même attribué
l'invention de ces appareils, à tort semble-t-il, puisque La
Noue qui écrivait un peu avant lui, s'en servait également.
Pluvinel se distingue par sa mesure, son tact et la discrétion
de ses aides ; il utilise des mors simplifiés au canon brisé,
indicateurs et non tourmenteurs.
|
|
"La gentillesse, qui est aux chevaux comme
la fleur sur les fruits, laquelle ôtée ne retourne jamais".
Il cherche à travailler "la cervelle plus que les
reins et les jambes" du jeune cheval. Sa mémoire reste
honorée par cette règle impérative : "Il
faut être avare des coups et prodigue des caresses afin, comme
redirai toujours, d'obliger le cheval à obéir et à
manier plutôt pour le plaisir que pour le mal".
|
Si les procédés de Pluvinel ont été
dépassés par l'évolution des problèmes posés
aux cavaliers au cours des trois siècles et demi qui nous séparent
de lui, son uvre est d'un maître à penser et d'un
maître à monter à cheval, dont la mentalité
sereine et forte oblige le lecteur actuel, étonné, à
réfléchir sur lui-même et, comme un sage antique,
à s'améliorer en améliorant son interlocuteur,
le dialogue se déroulât-il dans le langage des aides.
D'après "Les maîtres de l'uvre équestre",
d'André MONTEILHET.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|