Équitation Passion : Le site de l'Équitation à Cheval et à Poney.

Les différents mors.


Introduction :

Encore un article proposé par "Youpi" qui a déjà produit celui sur le squelette du cheval et sur les robes.

Merci encore à "Youpi" et à tout ce qui participe à la vie de ce site, ne serait-ce qu'en le visitant !

Conditions...


Les mors

Pièce de harnachement essentielle, c'est grâce au mors que sont transmis les indications du cavalier vers la bouche du cheval. Pourtant, peu de cavaliers savent comment fonctionnent ceux-ci. Autant dire que bien souvent, on s'oriente au pifomètre dans cette jungle de métal...

1) La bouche du cheval :

le mors agit dedans, et plus particulièrement sur les barres, la langue et la commissure des lèvres.

Les barres sont des espaces dépourvus de dents, (sauf pour les hongres et les mâles qui ont des crochets) situés entre les incisives et les molaires. C'est le point de la bouche le plus sensible. Les mors s'appuient dessus.

La langue est constituée de muscles recouverts d'une muqueuse. Elle présente un renflement au niveau des premières molaires où le mors vient s'appuyer quand le cheval le pousse. La langue est moins sensible que les barres. Les mors agissent dessus comme un casse noisette.

Les commissures des lèvres, points de jonction entre la lèvre supérieure et la lèvre inférieure, sont les éléments les moins sensibles de la bouche du cheval.

L'auge est l'endroit où la gourmette exerce son action. Ce n'est pas un simple point d'appui pour le mors : il y passe un nerf très sensible, que la gourmette vient écraser quand elle entre en action. C'est pourquoi un même mors avec la gourmette sera beaucoup plus dur que sans gourmette...

2) Les matériaux :

L'acier est l'alliage le plus répandu. Il est nickelé pour les mors bas de gamme (la rouille aurait un effet décontractant par la libération d'ions ferreux lors de l'oxydation) et en acier inoxydable pour les mors haut de gamme. On trouve différentes techniques de polissages et différentes finitions. Les mors en acier peuvent être creux ou pleins, pour jouer sur le poids du mors.

Le caoutchouc adoucit l'action sur les barres et la langue (c'est intéressant pour les pelhams, qui appuient beaucoup sur les barres)

Les mors en synthétique (téflon, résine...) ont une action identique au caoutchouc, mais sont plus chers. Ils doivent être pourvus d'un câble en acier qui évite que le mors ne se rompe en cas de dégradation de la résine, car la salive des chevaux est souvent acide et finit par attaquer le matériau synthétique.

Le cuivre est un métal apprécié des chevaux. Associé à l'inox, il donne un goût salé par électrolyse. Le cuivre fait saliver et décontracte donc la bouche.

Les alliages (maillechort, aurigan, cyprium...) contiennent souvent beaucoup de cuivre. Ils ont pour but de faire saliver le cheval, et donc de décontracter sa bouche. Ils sont plutôt chauds au toucher et sont appréciés des chevaux. Ces mors sont souvent dorés et ont un intérêt esthétique suplémentaire. Malheureusement, ils sont souvent très chers.

Le laiton et le bronze ont uniquement un intérêt esthétique...

3) Les grands types de mors :

Les filets brisés sont des mors simples articulés en leur milieu. On y trouve différents types, qui sont caractérisés par la forme de leurs anneaux. La forme des anneaux les rend plus ou moins fixes dans la bouche, et donc plus ou moins directionnels, et plus ou moins décontractants. Les mors brisés agissent comme un casse-noisette en agissant d'abord sur les lèvres, puis sur les barres, et enfin sur la langue. La position des mains influe le mode d'action: des mains hautes renforcent l'action sur les lèvres, alors que des mains basses accentuent l'appui sur les barres. On peut donc moduler l'effet selon le cheval... On associe souvent une muserolle pour éviter que les chevaux ne se défendent en arc-boutant. Néanmoins, la présence d'une muserolle peut gêner la décontraction en empêchant le cheval de mâchouiller son mors. Les filets brisés ont l'avantage de ne pas inciter les chevaux à relever la tête, et il permettent un bon appui sur la main. Ces mors sont plutôt doux. Ce sont toujours des mors releveurs, sauf le gag voir description ci-dessous?).

Les mors brisés à gourmette sont assez sévères et agissent par rotation du mors qui vient pincer le renflement la langue dans le V de l'articulation et écraser le nerf mandibulaire sous la gourmette. Ce sont des mors releveurs ou abaisseurs selon la longueur de leurs branches. Les mors à branches ont souvent un petit anneau à chaque branche, qui permet d'ajouter une "sur gourmette" ou "fausse gourmette" : une lanière de cuir qui empêche le cheval d'attraper avec les branches de son mors avec ses lèvres et qui l'empêche de retourner le mors dans la bouche.

Les filets non brisés sont des mors encore plus doux, parce qu'ils n'ont pas d'effet de casse noisette, et ont un appui sur les barres diminué.

Les mors non brisés à gourmette sont des mors très sévères qui agissent sur les barres (parce qu'ils ont souvent un passage de langue, qui décharge l'appui de la langue sur les barres). Ce sont des mors puissants, qui permettent de bien contrôler le cheval, même s'ils sont brutaux entre des mains inexpérimentées

Les mors non brisés avec passage de langue :

 

Le passage de langue, comme son nom l'indique, premet à la langue de "passer" sous le mors. Avec ce type de mors, la langue ne sert plus de matelas entre le canon du mors et les barres. Il appuie donc directement sur elles. Les mors à passage de langue sont donc plus durs.

4) Quelques mors en détail

Un mors droit en cuir, très doux. L'action du mors droit sur les barres est faible, et le manchon de cuir adoucit encore l'action du mors. Un mors utilisé pour débourrer les poulains sans abîmer leur bouche.


Un mors brisé à anneaux, en acier. Simplicité et douceur. Le fait que les canons puissent bouger librement autour des anneaux rend ce mors très décontractant, mais ce type de mors peut parfois pincer les lèvres. Il est donc souhaitable de l'utiliser avec des rondelles en caoutchouc (voir ci-dessous). Peut être utilisé avec un mors de bride.



Les rondelles

Qui n'a pas pesté en voulant mettre des rondelles sur un mors... Le schéma de droite vous explique comment, à l'aide d'une pince, ici une triquoise, vous pouvez y arriver plus facilement...


Un mors brisé à olives. Le canon de ces mors peut être creux, donc léger, ou plein, donc lourd. L'olive est la partie renflée où l'anneau et le canon se réunissent. Grâce à cette forme, les rondelles en caoutchouc ne sont plus nécessaire. Un peu plus directif que le mors à anneaux, et un peu plus franc, parce que les canons ne peuvent plus coulisser sur les anneaux. Peut être utilisé avec un mors de bride.


Un mors Verdun. Ses grands anneaux en D en font un mors encore plus franc et précis.


Un mors à aiguilles. Ses grandes aiguilles permettent de véritablement pousser la tête du cheval quand on tourne. Un mors très précis et efficace, tout en étant doux.

Un mors torsadé. La finesse des canons et les multiples bords tranchants des torsades en font un mors extrêmement dur. Mors pouvant être utilisé avec des rondelles... Bien que, quand on en arrive à utiliser ce type de mors...

Un gag, ou mors releveur, en résine. C'est un mors qui porte très mal son nom, parce qu'utilisé avec ses montants spéciaux, il incite les chevaux à résister en baissant la tête. C'est un mors intéressant parce qu'il peut être utilisé avec 4 rênes. Les rênes de filet sont "releveuses" et les rênes de gag sont "abaisseuses" (en polo, on utilise les rênes de filet pour tourner, les rênes de gag pour arrêter...). L'intérêt est qu'il permet de débuter la conduite à 4 rênes avec un mors doux, sans avoir besoin d'un pelham ou d'un bride. Il faut toujours l'utiliser avec une muserolle.

Un filet à double brisure, en maillechort. Il est plus décontractant, mais plus sévère qu'un mors à simple brisure, parce que la double articulation diminue le pincement de la langue et accentue l'appui sur les barres. Mors pouvant être utilisé avec des rondelles.

Un mors à palette. C'est un mors similaire à celui à double brisure. La palette incite le cheval à jouer avec sont mors et le décontracte plus. Mors pouvant être utilisé avec des rondelles.

Un mors Baucher. Les branches supérieures du mors renforcent l'effet releveur, commun à tous les mors de filet.

Un mors Pessoa en cyprium. Les branches inférieures rendent ce mors légèrement abaisseur, et plus sévère que les mors de filet classiques. On peut monter les alliances sur ce type de mors et le rendre donc plus dur, à mesure que l'on tire, et plus doux lorsque la main agit légèrement.

Un mors à 4 anneaux. Très utilisé en attelage dans les pays de l'est et adaptable aux autres disciplines. Un mors qui décontracte plus le cheval que les autres, et qui rend le contact avec la main plus franc. L'effet de cession sur ce mors est immédiate. Le mors idéal pour celui qui a une main très douce. Ce mors peut être très dur dans des mains maladroites.

Un mors "espagnol". C'est un mors plutôt dur, utilisé très souvent en corrida. Sa principale particularité est que les rênes glissent le long des anneaux au fur et à mesure que l'on agit, modifiant le bras de levier, comme le ferait une alliance sur un pelham.

Un pelham, recouvert de cahoutchouc. Un mors dur, légèrement releveur en utilisant les grands anneaux, et abaisseur en utilisant les anneaux du levier. Utilisation possible à 4 rênes, comme un gag ou une bride. On l'utilise aussi avec des alliances (voir ci-dessous) pour moduler l'action du mors en fonction de celle de la main.

Le même, mais sans caoutchouc... Encore plus dur !

Endroit où s'accrochent les alliances.

Un mors l'Hotte à pont. C'est un mors de bride, à utiliser forcément en association avec un mors de filet. C'est un mors dur, et abaisseur. Ceux à pont sont plus doux que ceux à passage de langue.

Un mors Saumur, ou "à pompe", avec un passage de langue. Un mors de bride plus déconctractant que le l'Hotte, parce que les branches sont mobiles. Les "pompes" font varier la longueur du bras de levier du mors, donc sa puissance. Quand la main n'agit pas, le mors descend sur les pompes et le bras de levier se trouve donc plus court. Quand la main agit, le mouvement de bascule du mors dans la bouche du cheval fait remonter le mors sur les pompes. Le bras de levier augmente et l'action se trouve alors renforcée.

Un mors d'attelage "Liverpool". Les guides peuvent être fixées à différentes hauteurs, pour moduler la puissance de ce mors. C'est un mors dur, comme la plupart des mors d'attelage, pour avoir un contrôle maximal sur le cheval.

Une hérésie de l'art équestre : le mors anti-passe-langue ou l'anti-passe-langue en caoutchouc qui se place sur un mors normal... Il oblige les chevaux qui ont tandence à passer la langue sur le canon du mors de la laisser en dessous...

Pourquoi "une hérésie" ? Un cheval décontracté mâche son mors en laissant la langue sous celui-ci. Un cheval qui passe la langue au dessus du mors est donc un cheval crispé dans sa bouche... Pensez-vous alors que ces artifices favorisent la décontraction ou plutôt la contraction dans une bouche où la langue cherche par tous les moyens à passer par dessus le mors, sans y parvenir... Un travail bien mené est donc le moyen à privilégier pour que votre cheval se décontracte dans sa bouche et passe sa langue correctement sous son mors.

5) Bien régler son filet ou sa bride :

Tout d'abord, assurez-vous que le mors est à la bonne taille. Il ne doit pas être trop large, car cela renforcerait l'effet de "casse-noisette" décrit plus haut. De plus, le mors se plierait davantage en son milieu, ce qui risquerait de gêner le cheval dans sa bouche, au niveau du palais. Le mors doit donc être légèrement plus large que la bouche, mais de quelques millimètres seulement. Pour vous assurer de son bon positionnement dans la bouche, regarder les commissures des lévres : elles doivent être légèrement plissées (environ deux plis).

Le mors de bride doit être un peu plus ajusté à la bouche du cheval du point de vu largeur. Ce mors ne doit pas pouvoir se déplacer latéralement dans celle-ci. Il doit être positionné légèrement plus bas que celui de filet.

Faites attention que les mors ne puissent pas toucher les dents de votre cheval. Un mors de filet trop haut peut venir heurter ses premières prémolaires. Un mors de bride trop bas peut venir heurter les crochets chez un mâle ou un hongre. Il ne faut pas hésiter à revoir régulièrement vos réglages, surtout avec un filet neuf qui a besoin de se mettre en place.

La gourmette du mors de bride doit être bien mise à plat. Vous pouvez l'utiliser avec un protège gourmette qui, comme son nom l'indique, protégera l'auge. Une gourmette est correctement ajustée lorsque, rênes de bride tendues, les montants du mors forment un angle de 45 ° avec les prolongements des montants de la bride. Une gourmette trop lâche n'a guère d'effet. Je vous recommande d'ailleurs de la régler de la sorte, voir de ne pas en mettre quand vous débutez en bride, le temps de vous familiariser avec les quatre rênes dans vos mains... Une gourmette trop serrée provoque des défenses de la part de votre cheval. Il risque de s'encapuchonner, de remonter sa langue... Une seule solution : rallongez là.

Attaches de la fausse gourmette sur les montants du mors de bride et, passage de celle-ci dans l'anneau de la gourmette.


Protèges gourmette

Je vais terminer cet article par une citation de Baucher : "Rien ne vaut le bridon !", le bridon étant l'autre nom du filet simple... Ne cherchez donc pas la solution dans l'utilisation de mors "barbares". Un filet simple, un Baucher et une bonne main vallent mieux que n'importe quel enrênement. Et une bonne main, cela se travaille.