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Les mains, les jambes et l'assiette


Les mains, les jambes et l'assiette sont ce que nous appelons "les aides". Grâce à eux et à leur bonne coordination, ils vont nous permettre de diriger nos chevaux.

Leur bonne coordination s'appelle l'accord des aides. Exemple d'accord des aides : "le fameux main sans jambes, jambes sans main" de François Baucher qui signifie que lorsque les mains agissent pour freiner, il ne faut pas que les jambes poussent le cheval en avant et vis et versa.


Je commencerai par vous parler de l'assiette. L'assiette est la partie du corps du cavalier en contact permanent avec le cheval, par la selle interposée. C'est le triangle constitué par le périnée antérieur et les deux ischions, prolongé par la face interne des cuisses, genoux inclus. C'est lorsque cette assiette devient plus un moyen de contact avec le cheval qu'un moyen de tenue à cheval qu'elle devient une aide primordiale.

En effet, tant que le cavalier se sert d'elle comme moyen de tenue à cheval, il ne pourra l'utiliser en tant qu'aide. Il en va de même pour les mains et les jambes. Elles ne pourront servir à communiquer que lorsqu'elles ne serviront plus à s'agripper.

Lorsque son liant résulte de la flexibilité du rein qui épouse les mouvements du cheval, l'assiette suffit à transmettre les indications du cavalier en les limitant, en les amplifiant. Il est de coutume de dire que l'assiette doit suivre, doit accompagner le mouvement du dos du cheval. Il est beaucoup plus judicieux que ce soit le dos du cheval qui suive les variations de mouvements de l'assiette. Reportez-vous à l'article sur l'arrêt : fixez votre bassin dans la selle en tirant votre nombril vers l'avant pour arrêter votre cheval. Combien j'ai vu de cavaliers trotter ou galoper avec leurs fesses aussi vite que leur monture et essayer de les arrêter en se pendant aux rênes... Alors qu'il leur aurait été plus facile de contrôler la cadence de leur cheval par leur assiette. Apprenez donc à tenir votre cheval avec votre assiette et non avec vos mains...

Catherine DURAND-HENRIQUET sur Fandango

La modification de répartition du poids dans l'assiette influe sur la position du centre de gravité de l'ensemble cheval-cavalier. Il ne s'agit pas de glisser dans la selle. Il s'agit de charger ou d'alléger l'une des parties de son assiette par flexions latérales ou longitudinales du rein, ou par effacement de l'épaule intérieur à l'incurvation.

L'engagement des lombaires, joint à l'enveloppement moelleux par la face interne des cuisses et des mollets, provoque sur le cheval assoupli le fléchissement des articulations et la remontée du dos.

Nous allons maintenant aborder le problème des mains. Dans l'article traitant du tourner, nous avons abordé le problème de la position du cavalier et de ses conséquences sur le mouvement des jambes et des mains. Nous allons donc parler de l'action plus spécifique des mains. La main intérieure ploie, la main extérieure enrobe le cheval. La main intérieure va donc donner le pli à l'encolure tandis que la main extérieure va agir comme rêne régulatrice de la position de l'encolure et comme rêne de la conduite. Le Maître N. Oliveira disait que seuls les écuyers ordinaires conduisaient sur leur rêne intérieure... Cette main intérieure doit donc être toujours la plus basse et fixer le pli de l'encolure. Elle est immuable. Seules les phalanges de cette main peuvent bouger sur une main fixée en appui au creux de l'encolure. Elle empêche aussi l'ouverture de l'angle tête encolure et le relèvement de la nuque.

La rêne extérieure va fixer le niveau d'attitude de la nuque. Elle empêche par des vibrations ou des demi-arrêts l'enfermement ou l'abaissement de la tête. Elle va aussi agir pour arrêter le cheval par une action de bas en haut abordée dans l'arrêt. Le cheval à la piste ou sur un cercle s'arrête sur la rêne extérieure.

La main doit donc être fixe et douce, fixe par rapport à la bouche du cheval et ne jamais transmettre de mouvements parasites qui devront être absorbés pas l'assiette du cavalier. Elle doit opposer une force égale et non tirer. Elle doit agir par touche ponctuelle et non constante, chercher à lâcher la bouche du cheval sans que celui-ci varie son attitude (descente de mains) et ne jamais s'opposer au mouvement en avant dans les variations d'allures (allongements, ralentissements).

La main extérieure va aussi régulariser le cheval dans ses changements de direction soit par effet d'appui pour amener les épaules vers l'intérieur ou les empêcher de déraper vers l'extérieur, soit par effet"d'attirance vers l'extérieur" pour amener les épaules vers l'extérieur ou les empêcher de tomber vers l'intérieur.

Abordons le problème des jambes. En vous reportant à l'article traitant du tourner, je vous explique une manière simple de placer vos jambes naturellement à leur bonne place, simplement en orientant votre bassin. Nous allons aborder ici l'action plus spécifique des jambes. La jambe intérieure au pli va agir à la sangle. Elle va faire céder le cheval sur sa rêne intérieure et va donc aider à l'incurvation de celui-ci. Elle va empêcher le cheval de tomber sur le cercle, faire déplacer le cheval vers l'extérieur du cercle ou de son incurvation (épaule en dedans par exemple). Elle interviendra pour maintenir l'impulsion de votre cheval lorsque vous utiliserez votre jambe extérieure pour déplacer les hanches de votre cheval.

Cavalière en amazone

La jambe extérieure à l'incurvation sera toujours décalée vers l'arrière. Elle contrôlera les hanches pour les empêcher de déraper. Elle provoquera le déplacement des hanches vers l'intérieur dans l'appuyer par exemple. Elle interviendra en jambe d'impulsion quand la jambe intérieure intervient dans le déplacement latéral du cheval (épaule en dedans par exemple).

Comment agir avec vos jambes ? L'action de jambe, qu'elle soit intérieure ou extérieure, doit être discontinue et en accord avec le postérieur du cheval. Le postérieur du cheval est soit dans une phase de propulsion, sot dans une phase de retour. Il est évident que l'action de la jambe ne pourra être efficace que dans la phase de retour où le postérieur est en l'air et non dans la phase de propulsion où il est en appui sur le sol. Comment sentir cette phase ? Marcher au pas, les deux étriers déchaussés. Vous devez sentir un balancement naturel de vos deux jambes : quand l'une se rapproche du corps du cheval, l'autre s'en écarte. Si vous observez ce mouvement par rapport au mouvement du postérieur de votre cheval, vous constaterez que l'avancée du postérieur de votre cheval provoque l'abaissement de sa hanche et donc, l'abaissement de la vôtre. D'où votre jambe qui se rapproche de votre cheval. Il en va de même au trot. Alors à vous d'essayer de sentir. Et il vous suffira donc de renforcer le mouvement naturel de votre jambe pour être en accord avec le postérieur de votre cheval. Réfléchissez sur l'action de votre jambe intérieure lorsque vous trottez sur le "mauvais diagonal"... Dans ce cas, vous vous rasseyez quand le postérieur intérieur de votre cheval s'avance. Il vous suffit de fermer votre jambe intérieure en vous asseyant pour pouvoir agir en accord sur ce postérieur. Savoir cela pourra vous être utile dans bien des cas où vous aurez des problèmes d'incurvation pendant un exercice. C'est pour cela que j'évite de parler à mes cavaliers de bon ou de mauvais diagonal, mais je leur parle de diagonal de détente (le bon) et de diagonal de travail (le mauvais). Certains pays ont pour bon diagonal notre mauvais à nous... Tout dépend de ce que vous recherchez.

Catherine Henriquet

Nous arrivons à la fin de cette article que vous avez peut-être trouvé long. Mais, je ne pouvais dissocier les trois aides majeures que sont les jambes, les mains et l'assiette. Elles sont interdépendantes. Dans l'article sur l'arrêt, je parle de "l'aide monobloc du corps". Votre arrêt doit partir de votre assiette ; tourner doit partir de votre assiette... Il y a donc une interdépendance de ces trois aides. De plus, je parle à mes cavaliers de "boucles". Cela signifie que toute action qui part d'une de vos aides doit vous revenir : l'arrêt part des fesses et vous revient aux mains; l'impulsion que vous donnez avec vos jambes doit aussi vous revenir aux mains pour ne pas que votre cheval vous échappe ou se mette sur les épaules et fuit vers l'avant. L'action de votre rêne extérieure doit vous revenir par la rêne intérieure pour ne pas que le cheval ne torde la tête vers l'extérieur. Il en va de même pour l'action de la rêne intérieure qui doit vous revenir par la rêne extérieure. Si vous agissez avec une jambe de position droite pour obtenir un déplacement latéral vers la gauche, vous devez récupérer par la rêne extérieure pour éviter que le cheval ne précipite en se redressant. Il en va de même pour une épaule en dedans qui doit être contrôlée par la rêne extérieure pour éviter les mêmes écueils. A vous de trouver d'autres boucles à boucler...

J'ai consacré un article complet à la bonne manière d'agir avec votre jambe. Je vous invite à vous y reporter.

Je n'ai pas non plus abordé le problème de l'aide fondamentale qu'est la voix. Cette aide sera abordée dans l'article traitant du débourrage du cheval.