Les mains, les jambes et l'assiette sont ce que nous appelons "les aides". Grâce à eux et à leur bonne coordination, ils vont nous permettre de diriger nos chevaux.
Leur bonne coordination s'appelle l'accord des aides. Exemple d'accord des aides : "le fameux main sans jambes, jambes sans main" de François Baucher qui signifie que lorsque les mains agissent pour freiner, il ne faut pas que les jambes poussent le cheval en avant et vis et versa.
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Je commencerai par vous parler de l'assiette. L'assiette est la partie
du corps du cavalier en contact permanent avec le cheval, par la selle
interposée. C'est le triangle constitué par le périnée
antérieur et les deux ischions, prolongé par la face interne
des cuisses, genoux inclus. C'est lorsque cette assiette devient plus
un moyen de contact avec le cheval qu'un moyen de tenue à cheval
qu'elle devient une aide primordiale.
En effet, tant que le cavalier se sert d'elle comme
moyen de tenue à cheval, il ne pourra l'utiliser en tant qu'aide.
Il en va de même pour les mains et les jambes. Elles ne pourront servir
à communiquer que lorsqu'elles ne serviront plus à s'agripper.
Lorsque son liant résulte
de la flexibilité du rein qui épouse les mouvements du
cheval, l'assiette suffit à transmettre les indications du cavalier
en les limitant, en les amplifiant. Il est de coutume de dire que l'assiette
doit suivre, doit accompagner le mouvement du dos du cheval. Il est
beaucoup plus judicieux que ce soit le dos du cheval qui suive les variations
de mouvements de l'assiette. Reportez-vous à l'article sur l'arrêt
: fixez votre bassin dans la selle en tirant votre nombril vers l'avant
pour arrêter votre cheval. Combien j'ai vu de cavaliers trotter
ou galoper avec leurs fesses aussi vite que leur monture et essayer
de les arrêter en se pendant aux rênes... Alors qu'il leur
aurait été plus facile de contrôler la cadence de
leur cheval par leur assiette. Apprenez donc à tenir votre cheval
avec votre assiette et non avec vos mains...
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La modification de répartition du poids dans
l'assiette influe sur la position du centre de gravité de l'ensemble
cheval-cavalier. Il ne s'agit pas de glisser dans la selle. Il s'agit
de charger ou d'alléger l'une des parties de son assiette par
flexions latérales ou longitudinales du rein, ou par effacement
de l'épaule intérieur à l'incurvation.
L'engagement des lombaires, joint à l'enveloppement
moelleux par la face interne des cuisses et des mollets, provoque sur le
cheval assoupli le fléchissement des articulations et la remontée
du dos.
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Nous allons maintenant aborder le problème
des mains. Dans l'article traitant du tourner,
nous avons abordé le problème de la position du cavalier
et de ses conséquences sur le mouvement des jambes et des mains.
Nous allons donc parler de l'action plus spécifique des mains. La main intérieure ploie, la main extérieure enrobe
le cheval. La main intérieure va donc donner le pli à
l'encolure tandis que la main extérieure va agir comme rêne
régulatrice de la position de l'encolure et comme rêne
de la conduite. Le Maître N. Oliveira disait que seuls les écuyers
ordinaires conduisaient sur leur rêne intérieure... Cette
main intérieure doit donc être toujours la plus basse et
fixer le pli de l'encolure. Elle est immuable. Seules les phalanges
de cette main peuvent bouger sur une main fixée en appui au creux
de l'encolure. Elle empêche aussi l'ouverture de l'angle tête
encolure et le relèvement de la nuque.
La rêne extérieure
va fixer le niveau d'attitude de la nuque. Elle empêche par des
vibrations ou des demi-arrêts l'enfermement ou l'abaissement de
la tête. Elle va aussi agir pour arrêter le cheval par une
action de bas en haut abordée dans l'arrêt.
Le cheval à la piste ou sur un cercle s'arrête sur la rêne
extérieure.
La main doit donc être fixe et douce, fixe par
rapport à la bouche du cheval et ne jamais transmettre de mouvements
parasites qui devront être absorbés pas l'assiette du cavalier.
Elle doit opposer une force égale et non tirer. Elle doit agir par
touche ponctuelle et non constante, chercher à lâcher la bouche
du cheval sans que celui-ci varie son attitude (descente de mains) et ne
jamais s'opposer au mouvement en avant dans les variations d'allures (allongements,
ralentissements).
La main extérieure va aussi régulariser
le cheval dans ses changements de direction soit par effet d'appui pour
amener les épaules vers l'intérieur ou les empêcher
de déraper vers l'extérieur, soit par effet"d'attirance
vers l'extérieur" pour amener les épaules vers l'extérieur
ou les empêcher de tomber vers l'intérieur.
Abordons le problème des jambes. En vous
reportant à l'article traitant du tourner,
je vous explique une manière simple de placer vos jambes naturellement
à leur bonne place, simplement en orientant votre bassin. Nous
allons aborder ici l'action plus spécifique des jambes. La jambe
intérieure au pli va agir à la sangle. Elle va faire céder
le cheval sur sa rêne intérieure et va donc aider à
l'incurvation de celui-ci. Elle va empêcher le cheval de tomber
sur le cercle, faire déplacer le cheval vers l'extérieur
du cercle ou de son incurvation (épaule en dedans par exemple).
Elle interviendra pour maintenir l'impulsion de votre cheval lorsque
vous utiliserez votre jambe extérieure pour déplacer les
hanches de votre cheval.
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La jambe extérieure à l'incurvation sera toujours décalée
vers l'arrière. Elle contrôlera les hanches pour les empêcher
de déraper. Elle provoquera le déplacement des hanches
vers l'intérieur dans l'appuyer par exemple. Elle interviendra
en jambe d'impulsion quand la jambe intérieure intervient dans
le déplacement latéral du cheval (épaule en dedans
par exemple).
Comment agir avec vos jambes ? L'action de jambe, qu'elle
soit intérieure ou extérieure, doit être discontinue
et en accord avec le postérieur du cheval. Le postérieur du
cheval est soit dans une phase de propulsion, sot dans une phase de retour.
Il est évident que l'action de la jambe ne pourra être efficace
que dans la phase de retour où le postérieur est en l'air
et non dans la phase de propulsion où il est en appui sur le sol.
Comment sentir cette phase ? Marcher au pas, les deux étriers déchaussés.
Vous devez sentir un balancement naturel de vos deux jambes : quand l'une
se rapproche du corps du cheval, l'autre s'en écarte. Si vous observez
ce mouvement par rapport au mouvement du postérieur de votre cheval,
vous constaterez que l'avancée du postérieur de votre cheval
provoque l'abaissement de sa hanche et donc, l'abaissement de la vôtre.
D'où votre jambe qui se rapproche de votre cheval. Il en va de même
au trot. Alors à vous d'essayer de sentir. Et il vous suffira donc
de renforcer le mouvement naturel de votre jambe pour être en accord
avec le postérieur de votre cheval. Réfléchissez sur
l'action de votre jambe intérieure lorsque vous trottez sur le "mauvais
diagonal"... Dans ce cas, vous vous rasseyez quand le postérieur
intérieur de votre cheval s'avance. Il vous suffit de fermer votre
jambe intérieure en vous asseyant pour pouvoir agir en accord sur
ce postérieur. Savoir cela pourra vous être utile dans bien
des cas où vous aurez des problèmes d'incurvation pendant
un exercice. C'est pour cela que j'évite de parler à mes cavaliers
de bon ou de mauvais diagonal, mais je leur parle de diagonal de détente
(le bon) et de diagonal de travail (le mauvais). Certains pays ont pour
bon diagonal notre mauvais à nous... Tout dépend de ce que
vous recherchez.
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Nous arrivons à la fin de cette article
que vous avez peut-être trouvé long. Mais, je ne pouvais
dissocier les trois aides majeures que sont les jambes, les mains et
l'assiette. Elles sont interdépendantes. Dans l'article sur l'arrêt,
je parle de "l'aide monobloc du corps". Votre arrêt
doit partir de votre assiette ; tourner doit partir de votre assiette...
Il y a donc une interdépendance de ces trois aides. De plus,
je parle à mes cavaliers de "boucles". Cela signifie
que toute action qui part d'une de vos aides doit vous revenir : l'arrêt
part des fesses et vous revient aux mains; l'impulsion que vous donnez
avec vos jambes doit aussi vous revenir aux mains pour ne pas que votre
cheval vous échappe ou se mette sur les épaules et fuit
vers l'avant. L'action de votre rêne extérieure doit vous
revenir par la rêne intérieure pour ne pas que le cheval
ne torde la tête vers l'extérieur. Il en va de même
pour l'action de la rêne intérieure qui doit vous revenir
par la rêne extérieure. Si vous agissez avec une jambe
de position droite pour obtenir un déplacement latéral
vers la gauche, vous devez récupérer par la rêne
extérieure pour éviter que le cheval ne précipite
en se redressant. Il en va de même pour une épaule en dedans
qui doit être contrôlée par la rêne extérieure
pour éviter les mêmes écueils. A vous de trouver
d'autres boucles à boucler...
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J'ai consacré un article complet à la bonne manière
d'agir avec votre jambe. Je vous invite à vous y reporter.
Je n'ai pas non plus abordé le problème de l'aide fondamentale
qu'est la voix. Cette aide sera abordée dans l'article traitant
du débourrage du cheval.
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