Cette question ne m'a pas été posée. Mais j'ai
pu constater qu'un certain nombre de cavaliers ne savait pas faire
un arrêt. Ils arrêtent leur cheval, certes, mais cet arrêt
n'a pas d'intérêt pour le travail du cheval.
Le Maître Nuno Oliveira a utilisé
deux images pour faire comprendre l'arrêt à ses élèves.
Je vais citer la première de mémoire : "l'arrêt,
ce ne sont pas les mains qui vont vers le nombril mais le nombril
qui va vers la main." J'ai retrouvé la seconde dans le
recueil de son uvre dont vous trouverez les références
dans "nos favoris" : "Pour arrêter, avancer le
nombril vers les mains, tout en gardant la distance existant entre
les mains et le corps du cavalier. A ce moment, les doigts doivent
se serrer sur les rênes."
J'ai l'habitude de dire à mes cavaliers
que toute action doit partir des fesses. Pour arrêter votre
cheval, il en va de même. Vous devez tendre votre nombril vers
l'avant, en arrêtant les mouvements de votre dos et en serrant
vos muscles fessiers. Cela limitera en plus la cambrure de votre rein.
Fixez votre main par rapport à vos bras et votre buste. Et vous
constaterez que cette action dans votre selle entraîne une légère
élévation et avancée de vos mains. A ce moment,
fermez délicatement vos doigts sur vos rênes. Évitez
dans un premier temps d'opposer vos mains et vos jambes. "Jambes
sans mains; mains sans jambes." Malgré tout, en fonction
de l'évolution des progrès de votre cheval, quand celui-ci
aura bien compris ce que vous attendez de lui, et qu'il s'arrêtera
sans heurt et sans traction sur les rênes,vous pourrez en même
temps prendre délicatement votre cheval dans vos jambes qui se
fermeront.
Pour faire sentir et comprendre le mouvement
à faire pour demander un arrêt, je demande à mes
cavaliers d'effectuer une inspiration lente et profonde au niveau de
la poitrine. Assis sur votre chaise, fixez vos coudes au corps en pliant
les coudes comme pour tenir des rênes. À partir de cette
position, effectuez cette inspiration lente et profonde tout en regardant
le mouvement de vos mains. Vous constaterez qu'elles ont une action
montante et légèrement vers l'avant, action que je vous
ai décrite plus haut.
À cheval, il vous suffit d'en faire de même pour
vous aider à sentir la juste demande. Mais attention, si votre
cheval met trop de temps à s'arrêter, pensez à reprendre
votre respiration. Sinon, au bout d'un moment, cela peut être
gênant pour vous...
Essayez, tout au long de votre demande, de lâcher la bouche de
votre cheval, de l'arrêter dans la plus grande légèreté.
Apprenez à céder pour faire céder votre cheval
et non le contraire (je céderai quand il aura cédé
!). Au début, cela peut être difficile. C'est pour cela
que la première aide pour arrêter votre cheval devra être
votre voix. Habituez-le à un petit mot. Moi, je lui dis :"en
place". Vous pouvez lui dire autre chose, mais toujours le même
petit mots qui finira par avoir une signification pour lui. Faite-vous
assister par un "donneur de friandises" à pied.
Dans certains cas, la friandise peut avoir un effet
bénéfique.Je me rappelle avoir travaillé
un entier portugais de grande taille et qui ne supportait pas de s'arrêter.
Dès que je lui en demandais un, il "chauffait" et "piaffait"
d'énervement en n'attendant qu'une chose : se jeter en avant
pour repartir. J'ai dû avoir recours à la friandise pour
pouvoir le calmer. Un aide à pied, à chaque arrêt,
en plus de mes caresses et de mes paroles apaisante, lui donnait un
sucre. Il a très vite fait le rapprochement entre "arrêt"
et "plaisir". Cela l'a donc amené à détourner
son attention de l'arrêt qui provoquait son stress. Et, très
rapidement, j'ai obtenu des arrêts calmes et sans défense.
Bien sûr, il ne faut pas abuser de ce stratagème
car, certains chevaux peuvent devenir capricieux pour ne plus travailler
qu'à la récompense. Celle-ci doit donc être un moyen
provisoire.
L'animation ci-dessus vous montre un excellent exercice à
réaliser pour "sentir" l'arrêt. Il doit être
réalisé dans le plus parfait équilibre du cavalier.
Les mains seront placées plus hautes par rapport au cavalier
assis, dans une position naturelle de demi flexion des avant-bras sur
les bras. Dès que vous sentez un déséquilibre arrière,
c'est que le mouvement n'est pas correctement réalisé.
En regardant bien cette vidéo, vous remarquerez que le cavalier
se grandit en avançant sa ceinture. Ses mains montent uniquement
par l'action combinée du grandissement du buste et de l'avancée
de la ceinture. Vous constaterez que l'arrêt est obtenu dans la
plus grande légèreté, avec une demi tension des
rênes.